Et rien n'a changé pourtant, à en juger par ce que l'on entend et voit actuellement..

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lundi 28 juin 2010

Pour manipuler l'article-corps du blog très long, découpage

L'article précédent (selon l'ordre chronologique) qui constitue le corps du blog (lien) étant particulièrement long et impossible à re travailler, il a été fragmenté en plusieurs qui suivent avec les liens qui y renvoient afin de faciliter son exportation sur les médias associatifs. Ces articles le doublent donc (ainsi que deux autres cités avant) précédents articles et sont marqués (2).

http://tziganes2.blogspot.com/2010/10/onze-siecles-doppression-ces-derniers.html
http://tziganes2.blogspot.com/2010/10/helene-larrive-httplarrive.html 

Les rroms, histoire et génocides



dimanche 27 juin 2010

Les rroms, origine, (2) des "tribus "criminelles" selon les colons anglais en Inde!

Note préalable : cet article et  ceux qui suivent, 15 ! (lien) sont un découpage du précédent très long (lien) donc impossible à travailler.

LES ROMS, ORIGINE, suite de l'historique

Note : la romanologie étant une science très récente, les dates d'événements varient parfois de 6 siècles et les chiffres, de plusieurs millions. Ainsi leur départ de l'Inde est-il parfois situé par des linguistes au 3ème siècle, les estimations du nombre de romanophones vont de quelques milliers à 8 millions, et celles de roms, de 13 à 113 millions -avec les 100 millions de l'Inde dont certains nient l'existence-. Voir le blog "linguistique" http://ricetrac2.blogspot.com
 

Les roms sont à l'origine deux tribus qui partent du nord de l'Inde : d'abord, au 9e siècle ou plus tôt; ce sont les kshatryas* -peut-être à l'origine du mot "tsiganes"- venus du Sind d'où le terme "sinti" par lequel on désignera ensuite les "roms" d'Allemagne aussi dénommés "manouches" en France [exterminés aux 2/3 ou aux 3/4 selon les sources*].. puis, au 13e, les Rajputs venus du Penjab et du Rajasthan -les roms-. A présent, l'ethnonyme "rrom" qu'il faut écrire rrom est officiellement reconnu par le Conseil mondial rrom et les Nations unies mais certains le refusent -réducteur- et se disent toujours sintis, manouches, tsiganes ou, dans le midi de la France et en Espagne, gitans.

Qui étaient-ils ? Peut-être des "dalits" voués à des tâches taboues, équarrisseurs, éboueurs, fossoyeurs ou, selon la tradition orale, saltimbanques -des musiciens doués envoyés en ambassade à la cour de Perse- ? les comédiens -ou les militaires mercenaires- si adulés fussent-ils, étant néanmoins frappés d'anathème pour "activité contraire aux bonnes mœurs" et "intouchabilisés" (à l'instar d'Adrienne Lecouvreur morte en pleine gloire, comme Mozart, jetée en fosse commune de nuit.)


Exode des rroms ou doms, lôms, djâts, ou hanabadoches, termes synonymes

... ou au contraire de haut rang, car kshatrya, fautivement traduit "paria" par les grecs, signifie "qui a le pouvoir temporel" -les guerriers-... ce qui a donné "intouchable", mot à double sens... des nobles donc, victimes des guerres d'expansion de l'islam du 8e au 10e siècle. Ecoutons Régis Blanchet, "Les roms, un peuple mémoire" : ''la sévérité des traitements infligés par les musulmans aux indiens dont les roms va marquer d'une manière indélébile leur inconscient collectif." Le terme Gadjo proviendrait de Mahmud Ghazni, le "Claus Barbie d'Allah de l'an 1000", devenu synonyme de ''guerrier musulman'' puis, pour les roms, de barbare, impur, englobant tous les "non roms." -Une autre étymologie possible de gadjo serait "maison" en sanscrit.- [Il est possible que ces ksatryas qui furent massacrés, jetés sur les routes ou razziés comme esclaves aient déjà été issus de groupes ethniques différents venus d'ailleurs -les sources diffèrent, peut-être des plateaux d'Aria en Iran- et qu'ils aient ensuite été "sacrifiés" par les indiens, ce qui les rapprocherait alors du peuple juif lui aussi abandonné à Hitler en 40. Un élément que nous allons voir corroborerait cette supposition connexe.]

Ils feraient donc en ce cas parti de la caste la plus haute après les brahmanes... avec lesquels ils avaient le droit de se marier, les enfants mâles étant alors destinés à devenir... conducteurs de chars d'un chef militaire et compositeurs-conteurs- d"hymnes à sa gloire... Que les hautes castes aient été razziées en priorité est probable, surtout s'il s'agissait de guerriers, la préférence des envahisseurs allant toujours à l'élite plus rentable à exploiter ou à monnayer. La légende dit que rom, qui signifie "homme" -ou romantique!- en sanskrit proviendrait de Rama, le héros de l'épopée indienne, d'où le nom par lequel ils se désignent, Romani Chav, fils de Rama, préféré à "romani cel", groupe d'hommes. Mais il est probable que les migrations, issues de causes différentes voire opposées, ont touché plusieurs castes...

* Voir à "références" en fin de blog : Michel Collon hypothèse 3/4 ; Roberto Lorier dont une grande partie de la famille a péri dans les camps de la mort, 2/3 ; Claire Auzias, 500 000 et d'autres sources, 1 million ! en fait, il est difficile d'établir un chiffre précis des sintis morts du fait des nazis étant donné le peu de recherches effectuées à ce sujet -et  l'absence de recensement avant le samudaripen- un exemple significatif de l'occultation quasi totale de leur génocide par l'Histoire. 

Une explication conciliatrice peut-être : le Rajasthan, l'Israël des roms


Au Rajasthan [pays des rajas] on trouve des nomades sillonnant le désert ou campant à la lisière des villes, des "lohars" -forgerons et charrons- et aussi des intouchables, musiciens, danseurs et poètes, rejetés et redoutés à la fois, les Kalbelyias et les Sapéras... dont on a trace dès 420 av. J-C ! les ancêtres des roms qui seraient demeurés dans leur pays? Comme leurs frères européens, ils sont racisés par les indiens qui les disent voleurs, arnaqueurs, comédiens, venus d'ailleurs etc.. Vivant à la belle étoile dans des campements encore plus sommaires que ceux d'Europe, ils entassant leur maigre avoir dans des roulottes décorées identiques à celles qu'on a pu voir autrefois sur les routes d'Europe. Les femmes portent d'amples jupes à volants colorées et pléthore de bijoux en or -les hommes aussi-... et comme les roms que l'on peut voir à Palavas au bord de la mer, elles dansent* accompagnées d'une clarinette, d'un tambour à deux faces et d'une vièle, et disent la bonne aventure. Les sapéras, eux, charment les serpents. Les ancêtres des roms -s'ils le sont, ce qu'ils affirment- auraient donc déjà dans leur pays été des "étrangers" mis au ban? Cela confirmerait-il l'hypothèse des roms intouchables fuyant la cruauté de la société indienne? pas forcément.


Car il se trouve que les kshatrias -guerriers souvent sur les routes- étaient dans leurs périples servis par une "cour" formée de forgerons -pour entretenir leurs armes- de charrons -pour s'occuper de leurs chevaux-, de cordonniers, vanniers, ainsi que des musiciens, danseurs, poètes -pour les distraire- intouchables peut-être ou issus de castes méprisées -et craintes- auxquelles ils assuraient un sort convenable**... Et en cas de conflit grave, il engageaient également des mercenaires de n'importe quelle caste, leur promettant butin et ascension sociale. Les tribus se sont donc côtoyées historiquement pendant des siècles et il probable qu'après Peshawar -le premier Waterloo des indiens en 1001 qui fit 15 000 morts- c'est ensemble qu'elles ont fui ou furent razziées... ou, si tous les guerriers avaient péri, que les survivants, toutes castes confondues, soient partis sur les routes... loin, très loin de l'Inde. Forgerons, cordonniers, vanniers, danseurs, musiciens, poètes, soigneurs de chevaux, ce sont très précisément les professions des roms que nous connaissons.***



Racisés dans "leur" propre pays, les roms viendraient-ils déja d'ailleurs? Des huns**** "blancs", comme tous les rajasthanis, métissés avec les dravidiens et/ou les adivasis (lien, photos de Claudette Thomas), les premiers indiens, noirs, intouchables -dalit- génocidés (lien) par la déforestation et les pogroms [61 millions qui, pauvres parmi les pauvres, n'intéressent personne (lien).]

C'est probable. Ou des scythes (lien) ? -"tziganes" proviendrait-il de scythe?- Leur habileté à travailler les métaux et l'or, les bijoux qu'ils portent, leur refus des prêtres et leur pratique de la magie... (?) Des cachemiris? Des dardes? Comme eux ils se disent aryens et quelques éléments linguistiques pourraient l'indiquer. Mais la seule certitude que nous avons est leur migration à partir du nord de l'Inde, qu'elle qu'ait été leur origine, sans doute multiple, auparavant.  



*Désormais ces danses s’exportent à l’étranger grâce à Gulabi Sapera qui a bravé les interdits sociaux -Gitans Doad of Rajasthan-.

** Ce rôle, ils le remplirent ensuite envers les armées des Balkans au 15 ème, en lutte contre les turcs, voir plus loin, "la Hongrie, un cas particulier". 
 
*** Une étude linguistique -peu convaincante à mon sens sur ce point mais remarquable sur d'autres- infirme cette théorie, voir sur le blog linguistique (lien) l'article de Marcel Courtiade in extenso, qui d'ailleurs mentionne d'autres tribus nomades du Rajahsthan mais ne parle ni des kalbelyias ni des sapéras, et à l'opposé, celui de Jacques Leclerc qui, lui, estime à 100 millions le nombre de roms en Inde.
 
**** Contrairement à ce que l'on croit, tous les huns n'étaient pas asiates.

                                                                                                         Les adivasis, un peuple en danger
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Note : ces rroms indiens étaient encore plus mal traités que les dalit (les intouchables) !! y compris par ceux-ci !! (lien très important).  Leur sort était le pire (d'où peut-être leur fuite du pays et ensuite de tous): nomades par la force des choses (!) ils étaient classés (par les anglais) comme "tribus criminelles" a priori et génétiquement (!) dont les membres devaient pointer aux postes de polices.. chassés partout (lien).

samedi 26 juin 2010

Diaporama, les roms. Pour couper le son, passer la souris en bas à gauche et cliquer sur le micro

vendredi 25 juin 2010

L'esclavage (2)

L’esclavage en Valachie et Moldavie (deux principautés qui forment l'actuelle Roumanie.)


Donc partis d’Inde entre l’an 800 et 950, les Roms arrivent dans le sud-est de l’Europe dans le dernier quart du 13ème siècle. Arrivés libres dans la principauté de Valachie, ils apportent avec eux des savoirs-faire artisanaux (en particulier dans le travail du fer) d’Inde et de l’Europe byzantine, une bénédiction pour les seigneurs valaches et moldaves qui ont besoin d’une force de travail. Une malédiction pour eux.


Forgeron rrom
lIs sont -d’abord en dehors de toute base légale- réduits en esclavage. Des mesures de plus en plus sévères sont prises pour les obliger à rester -car ils tentent de fuir vers l’Allemagne ou la Pologne, où à cause de leur teint mat, on les considère comme "musulmans". Notons que si la proportion de roms en Roumanie est importante -ce qui a encore accentué la confusion entre "rom" et "roumain"- c'est parce qu'ils y furent esclaves 6 siècles ! Il est pathétique qu'ils soient confondus avec le pays qui s'est montré tel envers eux et il faudrait peut-être écrire "rrom" -comme il s'écrit normalement- avec deux "r" afin d'atténuer la malencontreuse euphonie.




 




 








Sur l'esclavage (lien)

Devant les cruautés qu’on leur infligeait, ils sont partis se cacher vers les montagnes des Carpates, où ils sont retombés entre les mains des esclavagistes. La première trace écrite de cet esclavage date du règne de Rudolf IV en 1331-1355, où ils sont décrits comme étant la propriété de monastères et de propriétaires terriens. 



 
Basile Lupu, -l'"Ataturk" roumain- législateur et unificateur qui imposa contre le grec, le roumain comme langue

Mais ce n’est que sous le règne de Basile le Loup de Moldavie (1634-1654) qu’est instituée une loi en quarante points codifiant leur "statut" d'esclaves, le terme roumain tsigan devenant synonyme.
Comme les noirs d'Amérique, ils sont alors divisés en tsigani des champs, et tsigani de maison, ces derniers se subdivisant en sclavi domnesti, les esclaves des nobles, sclavi curte, esclaves de la cour, sclavi monastivesti, esclaves de l’Eglise etc... et soumis à différents travaux, laboureurs, chercheurs d’or, forgerons, serviteurs, cuisiniers, montreurs d’ours ou musiciens. Il est à noter que, si certains Roms étaient utilisés comme musiciens, il était interdit aux autres de posséder des instruments de musique! Il leur était toutefois possible de se racheter -ou de faire en sorte qu'on les rachète- : de là peut-être la coutume de porter leur "fortune" sur eux -bijoux en or-, un moyen de signifier leur solvabilité.

Le passage de la Moldavie et de la Valachie sous administration turque au 16ème siècle avec une autonomie relative d'abord puis sous domination directe au 18ème ne change pas grand chose pour les esclaves romani.
Au 19ème, le code de Basile le Loup est oublié mais en 1818, le code pénal de Valachie arrête: "les tsiganes naissent esclaves, tout enfant né d’une mère esclave est esclave, tout propriétaire a le droit de vendre ou de donner ses esclaves, tout tsigane sans propriétaire est la propriété du Prince.." Celui de Moldavie de 1833 précise: "des mariages légaux ne peuvent avoir lieu entre des personnes libres et des esclaves. Les mariages entre esclaves ne peuvent avoir lieu sans le consentement de leurs propriétaires. Le prix d’un esclave doit être fixé par le tribunal, selon son age, sa condition et sa profession." Les roms sont donc vendus et achetés à des foires aux esclaves, le prix, au 19ème étant généralement d’une pièce d’or par kilo, sans égard pour les liens familiaux malgré une loi de 1757 qui interdit de vendre les enfants séparément de leurs parents, le plus souvent "par lot ".
Photo de Eric Roset, que je remercie ici
Des voix s'élèvent...
Mihaïl Kogalniceanu, tsiganologue et homme politique roumain du 19ème siècle écrit: "Quand j’étais jeune, je voyais dans les rues de Iassy des êtres humains aux mains et pieds enchaînés, certains même portant des anneaux de fer autour du cou et de la tête. Des peines cruelles de fouet, de privation de nourriture, d’enfumage, de maintien nus dans la neige ou dans la rivière gelée, tels étaient les traitements infligés aux Gitans. La sainteté de leurs mariages et de leurs liens familiaux n’étaient pas respectés. On arrachait la femme à son mari, la fille était séparée de force de sa mère, on arrachait les enfants des bras de leurs parents, on les séparait et on les vendait aux quatre coins de la Roumanie. Ni les hommes, ni les lois n’avaient pitié de ces malheureux."
Les "mariages" entre roms sont le plus souvent arrangés pour de simples questions de reproduction, un prêtre officialisant l’union avant qu’on les force. Si le code de Basile le Loup prévoit que " un tsigane qui viole une blanche doit être brûlé vif ", les propriétaires ne se gênent pas pour violer des esclaves, si bien qu’au 19ème siècle, Félix Colson note que de nombreux esclaves roms sont blonds. En visite chez un baron roumain, il écrit dans ses mémoires que "la misère se lit tellement sur leurs corps qu’à les regarder, on risque de perdre l’appétit". Il est à noter que si la loi n’autorisait pas un baron à tuer son esclave, cette pratique était néanmoins courante (la loi n’interdisant pas les châtiments corporels qui pouvaient se terminer par la mort).

La révolte des Netoci. Vers la Desrrobireja (émancipation)?
Dans les Carpates, des Roms affranchis ou évadés, parfois liés aussi à des gadjé, ont formé des communautés semi-nomades, les Netoci. Considérés par l’idéologie dominante comme "les plus dépravés" des Roms, accusés de cannibalisme, ils sont vus comme des héros par le peuple romani et lorsque au début du 19ème, les barons tentent de les réduire à nouveau en esclavage, les Netoci se lancent dans une guerre de guérilla qui ne cessera qu’avec son abolition définitive. De nombreux soulèvements d’esclaves contre leurs propriétaires ont également eu lieu. (Voir le livre de Mattéo Maximoff, "Le prix de la liberté.")


Dans la société roumaine, des voix se font entendre plus fort : "Les européens fondent des sociétés pour l’abolition (...) en Amérique alors que sur leur propre continent 400.000 tsiganes sont maintenus en esclavage" (Mihaïl Kogalniceanu, 1837.) D'autre part, le passage du mode de production féodal au capitalisme mécanisé rend l’esclavage moins utile. Des propriétaires terriens et l’Eglise commencent à les affranchir, en 1844 pour l’Eglise Moldave, 1847 par l’Eglise Valache. 
 
La révolution roumaine de 1848

La révolution démocratique-bourgeoise menée contre l’empire ottoman par les "bonjouristes", des patriotes radicaux de culture française proclame que "le peuple roumain rejette la pratique inhumaine et barbare de la possession d’esclaves et annonce leur libération immédiate". Mais, en 1849, les forces turques au sud et russes au nord réoccupant le réintroduisent et les barons récupèrent leurs anciens esclaves. Cependant la lutte pour l’abolition continue et il devient enfin illégal le 23 décembre 1855 en Moldavie et le 8 février 1856 en Valachie.
En 1856, c'est la naissance de la Roumanie , non encore indépendante (traité de Paris) dont le prince Ioan Alexandru Couza sera à la tête: il l'abolit définitivement en 1864 sous l'impulsion de Mihaïl Kogalniceanu, ainsi que le servage. Celui-ci prévoit une réforme agraire qui devrait profiter aux serfs et esclaves libérés mais en février 1866 les fractions les plus réactionnaires et les barons donnent le pouvoir au roi Charles 1er de Hohenzollern. De plus, malgré l’autonomie, la Roumanie reste très dépendante de l’empire ottoman et de ses structures féodales.





Le prix de la liberté
Libérés de l’esclavage, les Roms continuent de vivre dans des conditions dramatiques parfois pires. Nombreux  fuient le pays, craignant un retour de bâton, d’abord dans les pays voisins, puis jusqu’en Scandinavie ou en Europe de l’Ouest, voire en Amérique. Les autres restent le plus souvent dans les villages où ils vivaient. Leur misère est effroyable : habillés de guenilles, soumis à la faim.... La liberté leur  offre  un statut guère plus enviable que celui d'esclave. Un esclave représente une valeur marchande, pas un homme libre : en plus du dénuement, ils doivent subir les... meurtres.


C’est ainsi que deux voyageurs américains, au début du 20ème siècle, racontent qu'alors qu’ils offraient du chocolat à deux petits mendiants roms, les deux enfants se sauvent en criant "Moarte! Moarte !" (Mort !). En effet, à de nombreuses reprises après leur "émancipation ", ils se sont vus offrir de la nourriture empoisonnée, un moyen utilisé pour se débarrasser d’eux, si bien qu’une des premières leçons qu’apprennent les enfants à cette époque est de ne jamais accepter de nourriture d’un étranger.
A partir de la fin du 19ème, des Roms, essentiellement ceux qui ont réussi à faire des études, commencent à s’organiser pour exiger l’égalité.

En Turquie, les mariages inter ethnies avec les kurdes sont fréquents, les deux peuples étant culturellement assez proches.

 

 

 ET AU BOUT DU PERIPLE, LE PRESQUE-PRESENT: LES CAMPS DE LA MORT

 

mercredi 23 juin 2010

Une figure oubliée, (2) Mihaïl Koganiceanu, le Lincoln roumain

UNE FIGURE OUBLIEE

Mihaïl Kogalniceanu,
le Lincoln roumain





Mihaïl Kogalniceanu 1817-1891, historien, romanologue et homme politique. Qui le connait ? Lorsque en 1861 la Roumanie est crée par l'unification de la Valachie (Bucarest) et de la Moldavie (Iasi), Mihaïl Kogalniceanu en fut brièvement le premier ministre et abolit l'esclavage.


L'esclavage, une abolition par étapes


Lorsqu'on lit que l'esclavage des Roms a été aboli en 1856 suite à l'influence des idées propagées par le révolution de 1848, c'est inexact. Certes, dès 1837, Kogalniceanu -cité plus haut- et des progressistes s'insurgent, mais si des propriétaires terriens, l'Eglise, en 1844 pour la Moldavie, en 1847 pour la Valachie, commencent à les affranchir, c'est parce qu'ils ne leur sont plus utiles... et, si la révolution démocratique-bourgeoise -1848- des ''bonjouristes"… [de jeunes intellectuels francophiles, imprégnés des idées de la révolution dont les épigones furent Panait Istrati, Tzara, Cioran...] patriotes combattant l'empire ottoman, annonce "la libération immédiate de tous les tsiganes''... dès 1849, il est rétabli par les forces turques et russes victorieuses. La lutte pour l'abolition continue et, s'il devient illégal en 1855 en Moldavie et en 1856 en Valachie, cela n'a pas d'effet et c'est le Prince Ioan Alexandru Couza, dirigeant à partir de 1861 la nouvelle "Roumanie" qui, sous l'impulsion de Kogalniceanu, l'abolit deux ans après -il ne s'est pas hâté- c'est à dire en 1863, ainsi que le servage. On observe donc que de 55 à 63, l'esclavage théoriquement "interdit" était toujours pratiqué en Roumanie.
Ian Hancock (source)  cité par "La tribune de Genève (lien)

Note : cet article pose problème : la restauration  de l'esclavage en 49 y est attribuée à Alexandru Couza, l'éphémère roi de la nouvelle Roumanie alors qu'elle semble plutôt reliée aux barons valaches et moldaves collaborateurs des forces turques "occupantes". En fut-il le complice par opportunisme avant de devenir, sous l'impulsion de Mihaïl Kogalniceanu son ami et ministre, son abolisseur -ce qui lui coûta son trône ? Question ouverte.


mardi 22 juin 2010

La honte d'être rrom (2) ou Fanon revisité version actuelle

Controverses, un peu de philosophie...
Le honte d'être rom
Jean-Marc Turine ''Le crime d’être Rom'' (Ed. Golias)

"Lorsque Simon Wiesenthal demanda en 1984 à Elie Wiesel que les Roms soient représentés dans le Conseil qui visait à perpétuer le souvenir de la Shoah, celui-ci lui répond sans détour qu'''il ne fallait pas dévaluer l’Holocauste''.. ce à quoi Wiesenthal rétorque qu'''il ne fallait pas dévaluer le nazisme'', car les Roms, au même titre que les Juifs, ont été victimes du racisme fanatique du régime hitlérien. Leur extermination a même été planifiée de plus longue date puisqu’en 1906 déjà, un certain Alfred Dillman préconisait de débarrasser l’Allemagne de ce peuple ''criminel, asocial et fainéant'' par nature.
Cet épisode illustre le fait que certains dans la communauté juive tentent de s'accaparer le statut de victimes uniques du génocide nazi quitte à verser dans le négationnisme du génocide rom. En tronquant et en minimisant la réalité de l’entreprise de mort que constituaient les camps d’extermination, ils mettent ainsi à mal les efforts d’autres intellectuels juifs qui, conscients de la capacité de leur communauté à imposer au monde la mémoire de la Shoah, sont les avocats dévoués à la mémoire du génocide rom.

Les Roms eux-mêmes portent-ils une responsabilité dans ce déficit de mémoire?
Si la communauté rom a refusé les compensations que lui proposait l’Allemagne, ce refus ne constituait en rien un déni de mémoire mais s’expliquait par le fait que les compensations étaient attribuées à titre ''humanitaire'' et non en tant que ''victimes de crime contre l’humanité''. Une insulte à la mémoire : ils n’ont pas été victimes de la famine ou d’une catastrophe naturelle ! Cela dit, il est certain que des conflits internes à la communauté ont miné le poids de leur représentation et leurs chances d’inscrire de manière forte la réalité de la tentative d’anéantissement de leur peuple dans l’Histoire.

Et l’argument qui fait des Roms un ''peuple de l’oralité'' qui craint le passé et désire l’enfouir?
Certes, il existe un certain esprit selon lequel ''le passé fait peur, le futur ne risque pas d’être meilleur, donc il faut vivre dans le présent''. Mais cela ne signifie pas que ce peuple n’ait pas de mémoire. Sans mémoire, un peuple meurt. Sans doute leur tradition orale, au contraire de la tradition livresque juive, s’est-elle trouvée dépourvue face à la question de la transmission au sens où nous l’entendons. Mais peut-on considérer qu’un peuple de tradition orale est pour autant sans mémoire?
C'est à cause de la non reconnaissance du génocide subi par les Roms qu’il est possible aujourd’hui qu'ils soient traités d’une manière aussi violemment discriminatoire. Cela n'eût pas été possible si la communauté rom avait bénéficié d’un statut clair et officiellement admis de victime de génocide. Les autorités politiques européennes, se rendant sciemment coupables de ''non assistance à peuple en danger'' prennent le risque de voir éclater à tout moment une véritable bombe sociale." Réponse à l'article :

    "Qui que vous soyez, soyez remercié au nom de la communauté des voyageurs. Je suis Rom de Macédoine et depuis ma plus tendre enfance j'ai été élevé dans une ambiance de non-dit sur nos origines. Savez-vous combien de personnes de ma famille n’osent pas dire que nous sommes ce que nous sommes? Imaginez le nombre de sédentaires depuis des décennies ou des siècles, intégrées, qui n’osent s’affirmer ou du moins ne pas se cacher. Cette communauté se laisse dépecer. J’ose espérer qu’un jour, des gadje comme nous avons pour habitude de les nommer se préoccuperont des ''pauvres'' que nous sommes (beaucoup trop d’entre nous sont analphabètes donc sans armes pour se défendre.) Veuillez cher humaniste, recevoir ma pleine gratitude." Interview par Amnesty international de l'auteur reprise sur le site d'Amnesty avec ce commentaire.

Un peuple divisé ?


Comme chez tous les peuples diapsorés, les caractéristiques physiques des roms sont diverses : parfois rien ne les distingue d'un européen non rom, d'autres, d'un indien ou d'un méditerranéen. Il arrive qu'on les prenne pour arabes. Les roms roumains, les "tsiganes" ou les sintis [émigrés 4 siècles avant les rajputs] d'allure occidentale, aux noms germanisés ou balkanisés et les gitans hispanisés s'entendent parfois assez mal. Ceux qui, esclaves, se sont mêlés aux populations indigènes et les seconds, plus "libres" et plus "fermés" qui auraient davantage conservé leur culture originaire se reconnaissent mal comme un seul peuple... [notons que si les relations femmes tsiganes- hommes slaves étaient fréquentes, l'inverse, bien que parfois toléré voire exigé -au cas où la maîtresse de maison était stérile par exemple- était en tout autre cas puni de torture et de mort par crémation]. Reste le métissage tout de même et le fait que les roms des Balkans eux aussi aient "perdu" en partie les caractéristiques extérieures de l'indianité. [Je pense par exemple à une amie parfaitement intégrée -à un haut niveau- dans sa ville... qui refuse catégoriquement pour elle le terme de "gitan" et même de "rom"... tout en se reconnaissant volontiers "tsigane", précisant qu'elle vient de l'Est comme l'indique son nom -alsacien-... et ce malgré des traits indiens très accusés, une exception. "Tsigane, oui ; gitane ou romi, jamais !" Elle n'est pas une "caraque" en somme.] Cela évoque chez les juifs le dédain des ashkénazes germanisés issus de l'Est vis à vis des "séfarades" ou "misrahims" d'origine arabe. 

 Le racisme génère la honte, comme chez tous les peuples racisés et la tentation de se fondre dans la masse, d'oublier sa romité -si on a la chance qu'elle ne soit pas visible-  tout est tellement plus simple ! Certains n'osent pas dire où ils habitent, sachant par avance le mépris dont ils vont être l'objet -ou la fin de non recevoir d'un employeur putatif-. Et ils déménagent dès qu'ils le peuvent. Fondus dans les groupes autochtones, assimilés, il arrive qu'ils soient rejetants -ou distanciés- vis à vis des autres -y compris de leurs parents- et même parmi les différents groupes professionnels, il y a une hiérarchie : les ferronniers, en raison du "désordre" relatif de leurs campements -relié à leur activité de récup- étant au plus bas -actuellement, car ce n'était pas le cas autrefois-. Propreté, pureté, hygiène -contrairement au cliché- sont chez les femmes roms une quasi obsession -atavisme de leur appartenance de caste?- Même si les enfants, nombreux, souvent dehors, sont inévitablement souillés, les caravanes sont lavées de fond en comble tous les jours.
Même dans un environnement dégradé relié à l'emplacement des camps, à leur profession -récupération des ferrailles- ou à la pauvreté...  l'intérieur des habitations, masures, cottages ou caravanes est remarquablement astiqué. Lorsqu'on va chez eux -ils invitent volontiers, même à l'improviste-  souvent, le premier souci de la maîtresse de maison est de faire visiter, comme si elle éprouvait le besoin de montrer l'état impeccable de son logis. L'appellation "gens du voyage", terme vague qu'on leur attribue par défaut -toute référence ethnique étant interdite dans les textes officiels, panneaux...- les gêne, désignant des groupes nomades très divers socio économiquement et culturellement conduits à ce mode de vie par nécessité -ou vocation-, profession -forains, artistes itinérants- ou en raison d'une totale marginalisation -alcoolisme, misère-...  Dans ces groupes, ils ne se reconnaissent pas, même si, voisins, ils se côtoient. Sédentaires à 90% soit en camp soit en HLM, maisons.. -ils gardent alors un "pied" dans le terrain où résident des membres de leur tribu-, installés depuis des générations, ils se sentent français, espagnols... autant que roms. Le cliché "enfant de Bohême" les agace : ils n'ont pas choisi de voyager ou d'être "parqués" à l'écart des villes avec des collègues d'infortune "gadjé" -arabes parfois, avec lesquels les relations peuvent être tendues- et refusent l'amalgame.
 Même le romantisme est parfois un ostracisme en rose : "ils sont légers, bohèmes, [le mot qui les désignait est devenu générique !] forcément chapardeurs, séducteurs..." ils font rêver mais ce sont des gens que l'on n'aime qu'au théâtre et dont on ne veut pas chez "soi." Des "enfants" imprévoyants, comme les noirs. Le revers de ce portrait gentillet, c'est  : "ils vivent d'aides sociales, font du bruit à tout heure, ne tiennent aucun compte des autres et de la loi, donnent un exemple déplorable, draguent  [ou violent] "nos" filles -ou séduisent nos garçons- etc..." Carmen ! Ce point -la musique à toute heure- est le seul -relativement- réel : à Nîmes, juste avant la Féria -là aussi, ils ont adopté avec enthousiasme les coutumes de l'endroit où ils se trouvent!- difficile de fermer l'œil mais c'était relié à l'hispanité plus qu'à leur romité. [Nouvellement nommée, j'avais aménagé dans un quartier gitan, au début avec joie, un théâtre gratuit à ciel ouvert, flamenco, guitare... mais ensuite, la fatigue eut raison de ma ferveur.] Une enclave espagnole d'aficionados peu propice à la concentration certes mais le jour où mon fils âgé de six ans, sans que je ne m'en rende compte, partit "se promener" seul (!) il me fut ramené illico. Une "famille" donc, avec ses aléas et sa solidarité. Cela valait bien quelques nuits agitées. Signalons ici que si le mythe du gitan "voleur d'enfants" est prégnant -tous les enfants du Midi ont vécu avec ces légendes délicieusement terrorisantes-  chez les roms, il y a le même mythe dans l'autre sens... sans doute moins invraisemblable ! [J'avais objecté que je ne voyais pas pourquoi des gens qui avaient de si nombreux enfants auraient éprouvé le désir d'en "voler" qui n'étaient pas meilleurs que les leurs. Mais dans le doute, j'évitais tout de même le "camp" sans qu'on ne me l'ait jamais interdit !] Un détail : lorsque récemment je me suis promenée vers ce quartier -ici dit "Daudet"- je me suis aperçue soudain d'un fait stupéfiant : bien que née dans le village où j'ai passé toutes mes vacances, souvent dehors, dans la campagne, partout... c'était le seul endroit où je n'étais jamais allée !!!      
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Entre un rom russe, ukrainien, roumain, espagnol, américain ou français, la différence est évidente, comme le souligne un article par ailleurs douteux du Figaro (lien) qui  utilise leur hétérogénéité pour les raciser en faisant mine de les soutenir : les "bons" rroms, appelés "tsiganes", français, intégrés, travaillant, sédentaires ou non "souffriraient" des "mauvais", issus de Roumanie,  "délinquants, prostitués" et se montreraient favorables à leur expulsion... Diviser, toujours: les racistes s'y entendent, recrutant une minorité contre l'ensemble. Tout antisémite a son "bon" juif -un "ami" toujours mis en évidence, lui aussi antisémite quoique juif-;  tout antiromiste a ses "bons" roms, également antiromistes. Diviser est plus facile dans leur cas -ainsi que  pour les kurdes ou les noirs- car ils sont plus syncrétiques que les juifs, et même l'exact opposés sur ce point. Remarquablement ouverts, ils ont adopté partout où ils se sont installés avec ferveur, les coutumes et les religions autochtones -tout en conservant leurs rites et leur culture mystique- : chrétiens protestants, évangélistes, catholiques romains ou orthodoxes, musulmans -ch'iite ou sunites-, bouddhistes, alevis, yezedis, manichéens, animistes et même juifs! Un cas exceptionnel mais qui fragilise parfois le groupe originel.. et  d'autre fois le renforce. Les juifs, peuple "élu", souffrent de leur fermeture ; les roms, de leur syncrétisme.   
     Leur différence, entretenue ou renforcée, est dramatique lors d'un conflit entre deux pays. La violence? Lorsqu'il n'est pas question d'aller porter plainte ou d'ester en justice, c'est une "solution" qui surgit. Inéluctable. Et la peur qu'ils inspirent est parfois leur seule arme. On confond seulement la cause et la conséquence. 
    

Au bout du périple (2), les camps de la mort..

 ET AU BOUT DU PERIPLE, LE PRESQUE-PRESENT: LES CAMPS DE LA MORT

 

Les camps de la mort, dossiers "France 2"

 

 En Roumanie, la dictature d’Antonescu et la déportation en Transnistrie ("pays au delà du Dniestr" qui sépare la Moldavie de l'Ukraine) et en Bessarabie (au sud)... considérées comme zones de "dépotoirs ethniques" (où il envoya également les juifs.)

 

Des zones concentrationaires à ciel ouvert
    La déportation des roms : la Transnistrie

 Le long du Dniestr la Transnistrie -en rouge-, état non reconnu (qui fait à présent partie de la Moldavie) enclave -utilisée ensuite par l'URSS pour s'assurer un fer de lance pénétrant les Balkans- séparant l'Ukraine (l'Europe de l'Est -ex union Soviétique-) de l'Europe Centrale. (Plus au sud, la Bessarabie -rien à voir avec "arabe"- sur la mer noire). Climat continental. C'est là que les roms furent abandonnés et moururent de faim et de froid. Certains toutefois furent recueillis dans des villages. 

C’est ainsi que les Roms traversent l’histoire de la Roumanie, son indépendance, reconnue par le congrès de Berlin en 1878, sa participation à la première guerre mondiale aux côtés des alliés, puis le rattachement de la Bucovine et de la Transylvanie (prises à la Hongrie) ainsi que de la Bessarabie (prise à la Russie).
Face à la crise mondiale de 1929 et aux grèves ouvrières qui ripostent à la misère, le parti de la "Garde de Fer ", groupe fasciste créé dans les années 20 par Horia Sima (et où on trouve notamment Ionesco, Mircea Eliane ou Cioran) est soutenu par une fraction croissante de la bourgeoisie. Pogroms fréquents en Moldavie et en Bessarabie à l’encontre des juifs et des roms; par le biais de l’influence du nazisme et des thèses de Ritter, le racisme anti-rom se construit un corpus idéologique "scientifique". Il ne s’agit plus seulement de décrire les Roms comme "voleurs" et "débauchées", mais aussi, comme Ion Facaoaru, le principal théoricien roumain du racisme anti-rom, de lutter contre "le péril tsigane d’appauvrissement génétique du peuple roumain". Dès 1938, un Commissariat Général aux Minorités est créé, chargé particulièrement, de la "question tsigane". Les universités, et en particulier celle de Cluj, se tournent vers l’étude de l’anthropologie eugéniste (idéologie du "sang pur" de la "race roumaine" menacée..)
En 40, le roi Carol II abdique et son fils Michel appelle au pouvoir le fasciste Antonescu soutenu par la Garde de Fer qui se proclame Conductator; l’URSS, en raison du pacte germano-soviétique occupe la Bessarabie et la Bucovine.La Hongrie du fasciste Horty annexe le nord de la Transylvanie; la Roumanie devient un état "national-légionnaire" allié de Hitler. La situation est dramatique. En 40, il est interdit aux Roms "nomades" de "rôder l’hiver".
 


Des "camps d'extermination" à l'antique, spécificité roumaine  !

La Transnistrie et la Bessarabie, la faim, le froid, la mort

En 1941,stérilisation des femmes. En mai 1942, recensement général de la population rom, 208.700 Roms sont fichés. 1er juin, la déportation des "nomades et semi-nomades" en Transnistrie nouvellement acquise par la Roumanie. 11 août, 84% des Roms "nomades et semi-nomades" ont traversé le Dniestr. Les ordres précisent de n’informer en rien les déportés sur leur destination. Une fois en Bessarabie, ils doivent changer leur argent en reichsmarks et sont ensuite assignés à une localité. Un maire de village publie en 1945 ses souvenirs sur cette période : "Fin août 1942 commencèrent à arriver à Trihai, sur le fleuve Bug, des Roms. Ils furent répartis dans les fermes environnantes -ou, pire, jetés dans la nature sans abri possible, nourriture ni vêtements chauds- en une semaine, ils furent quinze milles Roms à arriver dans un état incroyable de misère. Il y avait beaucoup de vieillards...

Certains étaient nus".

Cela empire encore : à partir du 12 septembre 1942, c'est la déportation des Roms sédentaires, en train, y compris les enfants non accompagnés,  autorisés à ne prendre qu’un seul bagage à main, tout le reste (terrains, maisons, animaux, etc.) étant confisqué. La rafle dure huit jours. Les seuls Roms qui évitent la déportation sont ceux des familles de soldats, mesure prise à la suite de mutineries de soldats roms sur le front lorsqu’ils apprenaient le sort de leur famille. Voir à ce sujet des témoignages bouleversants sur les roms engagés dans l'armée roumaine contre les alliés qui voyaient les leurs abandonnés dans des campagnes  isolées (avant qu'une "meilleure" organisation ne les fît conduire dans des camions-chambre-à-gaz).. où ils mourraient de froid et de faim. Notons à ce sujet que, comme les kurdes, les roms étant de nationalités différentes, lors des conflits, ils se trouvèrent parfois engagés -de force- des deux côtés de la barrière et furent ensuite les premières victimes de la répression lors de la victoire d'un camp sur l'autre. De plus, leurs qualités d'endurance militaires en faisaient des recrues fort appréciées -il y a peu, en France, on les envoyait systématiquement dans les "bat d'af", régiments d'élite-. Cela explique parfois leur relative "désunion" -comme celle des kurdes-. Plus "français" -ou "italiens", "espagnols", "hongrois" etc... - que roms, en somme. En 40, ce fut dramatique; mais certains parvinrent à déserter et dans la résistance combattirent avec un héroïsme qui laissa trace -un peu-. (Encyclopédie de la Shoah, lien.)
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Image du Blog tziganes.centerblog.net
Roms avant leur gazage (Jasenovak)

Le triangle marron, qui s'en souvient ? Voici une vidéo poignante (musique magnifique) et l'article de Cyril Lazaro - Olivier Besancenot 


Poème des camps de la mort (source : liens utiles, Romane et Romane.blog )


Mémoire trouée, un exemple cruel

Les camps d’internement de Lety en Bohême et Hodonín en Moravie sont les symboles de l’extermination des Roms de Bohême-Moravie. Or, qu'y a-t-il à leur place à présent ? Un monument ? Une stèle ? Pas du tout : à Lety se trouve aujourd’hui encore, à proximité, une porcherie ! et Hodonín était jusqu’à l’an dernier... un camp de vacances ! C'est l'absence de reconnaissance du génocide -au point que des roms ont été expulsés de Drancy où ils venaient se recueillir pour commémorer le samudaripen- qui a permis qu'ils soient ainsi traités par la suite, exemple les expulsions de Sarko. Rien ne s'est passé, en somme.. Cité par Maryvonne Leray, cyber résistante
En France le Struthof (lien H Larrivé "en vrac") est plus connu, mais qui sait qu'il était aussi un camp d'extermination d'un genre spécial ?

Le génocide arménien lui aussi passé aux oubliettes, à présent reconnu -mais pas par la Turquie- comme celui des kurdes, non reconnu, conduisit souvent, comme celui des roms, à l'acculturation des survivants -à la différence de la Shoah.   
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La mort en Transnistrie, juifs et roms ensemble
En Transnistrie, les conditions de vie sont dramatiques : famine, froid, et typhus, sans compter ceux qui sont abattus parce qu’ils tentent de s’évader. Certains, y compris l’hiver, étaient nus. La famine est telle que certains mangent des chevaux, alors que pour eux le cheval est tabou. Entre 1941 et 1943, 300 000 juifs furent également déportés en Transnistrie. Mais dès fin 1943, Antonescu comprenant que l’Allemagne ne gagnera pas la guerre, les déportations cessent, le roi Michel dissout le gouvernement Antonescu le 23 août 1944, puis déclare la guerre à l’Allemagne. De 1941 à 1943, on estime à 36.000 le nombre de Roms morts en déportation en Transnistrie.

En Allemagne

En Allemagne et dans tous les pays occupés (dont la France de Pétain)

L'expression est de Hitler "comme les nègres et les juifs, ce sont des sous hommes qui souillent le sang aryen". A éliminer en priorité. 

De fait, leur sort fut en tout point identique à celui des juifs : déportations, travaux forcés, triangle, stérilisation, extermination, expériences "médicales". Une spécificité ils étaient utilisés comme musiciens -avant d'être gazés- et les convois étaient accueillis au son de leurs mélodies.

 

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