Et rien n'a changé pourtant, à en juger par ce que l'on entend et voit actuellement..

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jeudi 30 septembre 2010

Préambule: Nancy Bernad


Tout d'abord, Nancy Bernad, une femme d'un immense courage dont on n'a pratiquement jamais parlé avant mercredi, date à laquelle elle a été hospitalisée, en grève de la faim depuis le 13 septembre pour protester contre la circulaire IOCK1016329 (ordre d'expulsion des camps de roms en priorité!) Il faudrait à présent la relayer. Du point de vue médiatique ce serait pareil. Elle se met en danger -c'est extrêmement dur, et même effroyable voir plus loin- et son héroïsme risque de lui coûter de graves séquelles. Le progrès de Lyon (lien).    

Les roms, toujours veinards...



IOCK ! Ce nom marquera l'histoire : c'est certes celui d'une petite île déserte à l'extrême ouest de la Bretagne mais ça doit sûrement vouloir dire "Indigènes-Out-Cassos-Kassos". Retenez le petit site d'info nantais, le "Canard social", 3 journalistes et un budget de 2000 € (!)  qui ont sorti l'info. Iock Iock Iock !

mardi 28 septembre 2010

Propos de villages [ici, du Midi]


Un jeune qui a passé toute son enfance dans une cité pour familles nombreuses vilipende les "roms" -dans le Midi on dit gitans- "voleurs, querelleurs etc..." Lorsque je lui demande si dans sa cité il y a des roms, il me répond "oui, mais pas si roms que ça" -il veut dire sédentarisés-... et à ma question "as-tu des amis parmi eux?" il les cite tous. Et le lendemain, il me dit qu'il est lui-même gitan.

dimanche 26 septembre 2010

Roms roumains, des sédentaires devenus nomades, mis à l'écart par des nomades devenus sédentaires




"Rom" et "gitan", synonymes? Pas sûr. Un jeune gitan du Midi revenu récemment d'un voyage dans sa famille en Allemagne parle de ses origines [allemandes, espagnoles, italiennes, c'est bien un peuple de l'Europe] et des roumains récemment arrivés ; je m'introduis dans la conversation et au mot "rom", il m'arrête : "Nous on est gitans, pas roms. Les roms de Roumanie avaient des maisons et étaient totalement assimilés (1), parfois même paysans (2) ; parmi ceux qui sont arrivés ici, beaucoup ne sont pas roms, juste des gens fuyant la misère." Mais il est fortement contre leur expulsion : "comme vous -précise-il, en tant que français".
Racisés parce que "nomades inassimilables", mis à l'écart parce que sédentarisés, telle est la situation  des roms roumains... De même les africains considèrent-il parfois les noirs américains et antillais descendants d'esclaves comme des "nègres blancs", douloureux paradoxe de peuples diasporés qui ne se reconnaissent plus.

(1) La Roumanieils furent réduits en esclavage 5 siècles est en effet le pays où ils demeurèrent le plus longtemps! Les gitans ici sont pourtant eux aussi "sédentarisés" mais en camp -jouxtant la station d'épuration- et, depuis une ou deux générations, en appartement ou maison -mais ils gardent un pied dans le terrain où ils ont été élevés et où vit toujours depuis des lustres leur famille -ainsi que, de plus en plus, des marginaux "non gitans"... et les jeunes partent souvent en visite partout -en avion-. Leur situation, élections obligent, est "paternalisée" : emplacement réservé -à l'écart du village-, HLM -en plein nord-, emplois en mairie - ramassage des déchets, entretien-, quelques aides -jusqu'à peu ils ne payaient pas l'eau-... ce qui n'empêche nullement, au contraire, le racisme à leur encontre ni le courage de certains qui me soutinrent ouvertement pendant ma "grève".


(2) Rares ici sont ceux qui cultivent la terre, même s'il leur arrive parfois de faire des saisons : ainsi emploient-ils souvent le mot "paysan" à la place de gadjé.  Les photos d'Eric Roset d'agriculteurs, tous roumains, sont exceptionnelles. 

jeudi 23 septembre 2010

La terre est à tous

Le triangle marron des camps nazis avec le Z de Zigener, -tziganes-

Tout à l'heure je suis passée vers le camp des gitans situé près de la rivière et je suis arrivée dans un cul de sac où une famille finissait de dîner dehors, enfants en pyjama. -Excusez-moi"... "De quoi ?" m'a dit l'un d'eux. "De vous déranger..." Sa réponse est là : "Mais la terre est à tous, vous ne dérangez pas!" Une belle leçon de civilité, lorsque l'on voit des propriétaires de plusieurs hectares (lien) tenter d'"interdire" le passage d'un chemin communal qui les jouxte, que nous donnent ceux qui n'ont que leur caravane et un lopin. "La terre est à tous."

Nuremberg, un grand absent



Hélène Larrivé, réponse à Gosselent (Le monde dipl). Au fond, vous avez raison, le fait que les roms n'aient pas été invités à Nuremberg veut dire exactement que la seconde guerre mondiale n'est pas tout à fait terminée. C'est comme si on laissait les rescapés des twins towers camper sur leurs décombres pendant 65 ans... en leur demandant -manu militari- de dégager de temps en temps parce qu'ils dérangent. Lorsqu'on sait que les chiffres des massacres (lien) de rroms varient d'un facteur 5 (lien avec un récent wiki), on ne peut s'empêcher de faire la comparaison avec d'autres "estimations" certes un peu variables mais tout de même. L'oubli ? même pas, le "jamais-su", le "jamais-cherché", la non connaissance constituent des indices révélateurs de la quasi indifférence de tous vis à vis du Samudaripen donc du risque qu'il se reproduise a l'identique dans la même indifférence.

samedi 11 septembre 2010

Pour faciliter la lecture

L'article qui suit (l'article-corps de ce blog, l'historique, lien) a été découpé en 13 qui le suivent -trop long, il ne pouvait être manipulé-. Ces articles le doublent donc en partie -pas tout à fait car j'ai revu des passages- et ils sont marqués (2). L'introduction de cet article-corps, découpée en deux articles (onze siècles d'oppression -lien- enlevé) et samudaripen, lien) le précède logiquement. 

Note, dans la barre de droite, vous pouvez, sur la liste des messages, sélectionner (en vert) ceux qui ont trait à l'historique. 


vendredi 10 septembre 2010

LES RROMS, ORIGINE, SUITE, l'histoire de génocides. (Cet article est découpé en 13 chapitres qui suivent, voir barre de droite)

LES ROMS, ORIGINE, suite de l'historique (lien)

Note : la romanologie étant une science très récente, les dates d'événements varient parfois de 6 siècles et les chiffres, de plusieurs millions. Ainsi leur départ de l'Inde est-il parfois situé par des linguistes au 3ème siècle, les estimations du nombre de romanophones vont de quelques milliers à 8 millions, et celles de roms, de 13 à 113 millions -avec les 100 millions de l'Inde dont certains nient l'existence-. Voir le blog "linguistique" http://ricetrac2.blogspot.com
 

Les roms sont à l'origine deux tribus qui partent du nord de l'Inde : d'abord, au 9e siècle ou plus tôt; ce sont les kshatryas* -peut-être à l'origine du mot "tsiganes"- venus du Sind d'où le terme "sinti" par lequel on désignera ensuite les "roms" d'Allemagne aussi dénommés "manouches" en France [exterminés aux 2/3 ou aux 3/4 selon les sources*].. puis, au 13e, les Rajputs venus du Penjab et du Rajasthan -les roms-. A présent, l'ethnonyme "rrom" qu'il faut écrire rrom est officiellement reconnu par le Conseil mondial rrom et les Nations unies mais certains le refusent -réducteur- et se disent toujours sintis, manouches, tsiganes ou, dans le midi de la France et en Espagne, gitans.

Qui étaient-ils ? Peut-être des "dalits" voués à des tâches taboues, équarrisseurs, éboueurs, fossoyeurs ou, selon la tradition orale, saltimbanques -des musiciens doués envoyés en ambassade à la cour de Perse- ? les comédiens -ou les militaires mercenaires- si adulés fussent-ils, étant néanmoins frappés d'anathème pour "activité contraire aux bonnes mœurs" et "intouchabilisés" (à l'instar d'Adrienne Lecouvreur morte en pleine gloire, comme Mozart, jetée en fosse commune de nuit.)


Exode des rroms ou doms, lôms, djâts, ou hanabadoches, termes synonymes

... ou au contraire de haut rang, car kshatrya, fautivement traduit "paria" par les grecs, signifie "qui a le pouvoir temporel" -les guerriers-... ce qui a donné "intouchable", mot à double sens... des nobles donc, victimes des guerres d'expansion de l'islam du 8e au 10e siècle. Ecoutons Régis Blanchet, "Les roms, un peuple mémoire" : ''la sévérité des traitements infligés par les musulmans aux indiens dont les roms va marquer d'une manière indélébile leur inconscient collectif." Le terme Gadjo proviendrait de Mahmud Ghazni, le "Claus Barbie d'Allah de l'an 1000", devenu synonyme de ''guerrier musulman'' puis, pour les roms, de barbare, impur, englobant tous les "non roms." -Une autre étymologie possible de gadjo serait "maison" en sanscrit.- [Il est possible que ces ksatryas qui furent massacrées, jetés sur les routes ou razziés aient déjà été issus de groupes ethniques différents venus d'ailleurs -les sources diffèrent, peut-être des plateaux d'Aria en Iran- et qu'ils aient ensuite été "sacrifiés" par les indiens, ce qui les rapprocherait alors du peuple juif lui aussi abandonné à Hitler en 40. Un élément que nous allons voir corroborerait cette supposition connexe.]

Ils feraient donc en ce cas parti de la caste la plus haute après les brahmanes... avec lesquels ils avaient le droit de se marier, les enfants mâles étant alors destinés à devenir... conducteurs de chars d'un chef militaire et compositeurs-conteurs- d"hymnes à sa gloire... Que les hautes castes aient été razziées en priorité est probable, surtout s'il s'agissait de guerriers, la préférence des envahisseurs allant toujours à l'élite plus rentable à exploiter ou à monnayer. La légende dit que rom, qui signifie "homme" -ou romantique!- en sanskrit proviendrait de Rama, le héros de l'épopée indienne, d'où le nom par lequel ils se désignent, Romani Chav, fils de Rama, préféré à "romani cel", groupe d'hommes. Mais il est probable que les migrations, issues de causes différentes voire opposées, ont touché plusieurs castes...

* Voir à "références" en fin de blog : Michel Collon hypothèse 3/4 ; Roberto Lorier dont une grande partie de la famille a péri dans les camps de la mort, 2/3 ; Claire Auzias, 500 000 et d'autres sources, 1 million ! en fait, il est difficile d'établir un chiffre précis des sintis morts du fait des nazis étant donné le peu de recherches effectuées à ce sujet -et  l'absence de recensement avant le samudaripen- un exemple significatif de l'occultation quasi totale de leur génocide par l'Histoire. 

Une explication conciliatrice peut-être : le Rajasthan, l'Israël des roms


Au Rajasthan [pays des rajas] on trouve des nomades sillonnant le désert ou campant à la lisière des villes, des "lohars" -forgerons et charrons- et aussi des intouchables, musiciens, danseurs et poètes, rejetés et redoutés à la fois, les Kalbelyias et les Sapéras... dont on a trace dès 420 av. J-C ! les ancêtres des roms qui seraient demeurés dans leur pays? Comme leurs frères européens, ils sont racisés par les indiens qui les disent voleurs, arnaqueurs, comédiens, venus d'ailleurs etc.. Vivant à la belle étoile dans des campements encore plus sommaires que ceux d'Europe, ils entassant leur maigre avoir dans des roulottes décorées identiques à celles qu'on a pu voir autrefois sur les routes d'Europe. Les femmes portent d'amples jupes à volants colorées et pléthore de bijoux en or -les hommes aussi-... et comme les roms que l'on peut voir à Palavas au bord de la mer, elles dansent* accompagnées d'une clarinette, d'un tambour à deux faces et d'une vièle, et disent la bonne aventure. Les sapéras, eux, charment les serpents. Les ancêtres des roms -s'ils le sont, ce qu'ils affirment- auraient donc déjà dans leur pays été des "étrangers" mis au ban? Cela confirmerait-il l'hypothèse des roms intouchables fuyant la cruauté de la société indienne? pas forcément.


Car il se trouve que les kshatrias -guerriers souvent sur les routes- étaient dans leurs périples servis par une "cour" formée de forgerons -pour entretenir leurs armes- de charrons -pour s'occuper de leurs chevaux-, de cordonniers, vanniers, ainsi que des musiciens, danseurs, poètes -pour les distraire- intouchables peut-être ou issus de castes méprisées -et craintes- auxquelles ils assuraient un sort convenable**... Et en cas de conflit grave, il engageaient également des mercenaires de n'importe quelle caste, leur promettant butin et ascension sociale. Les tribus se sont donc côtoyées historiquement pendant des siècles et il probable qu'après Peshawar -le premier Waterloo des indiens en 1001 qui fit 15 000 morts- c'est ensemble qu'elles ont fui ou furent razziées... ou, si tous les guerriers avaient péri, que les survivants, toutes castes confondues, soient partis sur les routes... loin, très loin de l'Inde. Forgerons, cordonniers, vanniers, danseurs, musiciens, poètes, soigneurs de chevaux, ce sont très précisément les professions des roms que nous connaissons.***



Racisés dans "leur" propre pays, les roms viendraient-ils déja d'ailleurs? Des huns**** "blancs", comme tous les rajasthanis, métissés avec les dravidiens et/ou les adivasis (lien, photos de Claudette Thomas), les premiers indiens, noirs, intouchables -dalit- génocidés (lien) par la déforestation et les pogroms [61 millions qui, pauvres parmi les pauvres, n'intéressent personne (lien).]

C'est probable. Ou des scythes (lien) ? -"tziganes" proviendrait-il de scythe?- Leur habileté à travailler les métaux et l'or, les bijoux qu'ils portent, leur refus des prêtres et leur pratique de la magie... (?) Des cachemiris? Des dardes? Comme eux ils se disent aryens et quelques éléments linguistiques pourraient l'indiquer. Mais la seule certitude que nous avons est leur migration à partir du nord de l'Inde, qu'elle qu'ait été leur origine, sans doute multiple, auparavant.  



*Désormais ces danses s’exportent à l’étranger grâce à Gulabi Sapera qui a bravé les interdits sociaux -Gitans Doad of Rajasthan-.
** Ce rôle, ils le remplirent ensuite envers les armées des Balkans au 15 ème, en lutte contre les turcs, voir plus loin, "la Hongrie, un cas particulier". 
*** Une étude linguistique -peu convaincante à mon sens sur ce point mais remarquable sur d'autres- infirme cette théorie, voir sur le blog linguistique l'article de Marcel Courtiade in extenso, qui d'ailleurs mentionne d'autres tribus nomades du Rajahsthan mais ne parle ni des kalbelyias ni des sapéras, et à l'opposé, celui de Jacques Leclerc qui, lui, estime à 100 millions le nombre de roms en Inde.
**** Contrairement à ce que l'on croit, tous les huns n'étaient pas asiates.

                                                                                                         Les adivasis, un peuple en danger
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L’esclavage en Valachie et Moldavie (deux principautés qui forment l'actuelle Roumanie.)


Donc partis d’Inde entre l’an 800 et 950, les Roms arrivent dans le sud-est de l’Europe dans le dernier quart du 13ème siècle. Arrivés libres dans la principauté de Valachie, ils apportent avec eux des savoirs-faire artisanaux (en particulier dans le travail du fer) d’Inde et de l’Europe byzantine, une bénédiction pour les seigneurs valaches et moldaves qui ont besoin d’une force de travail. Une malédiction pour eux.


lIs sont -d’abord en dehors de toute base légale- réduits en esclavage. Des mesures de plus en plus sévères sont prises pour les obliger à rester -car ils tentent de fuir vers l’Allemagne ou la Pologne, où à cause de leur teint mat, on les considère comme "musulmans". Notons que si la proportion de roms en Roumanie est importante -ce qui a encore accentué la confusion entre "rom" et "roumain"- c'est parce qu'ils y furent esclaves 6 siècles ! Il est pathétique qu'ils soient confondus avec le pays qui s'est montré tel envers eux et il faudrait peut-être écrire "rrom" -comme il s'écrit normalement- avec deux "r" afin d'atténuer la malencontreuse euphonie.



Devant les cruautés qu’on leur infligeait, ils sont partis se cacher vers les montagnes des Carpates, où ils sont retombés entre les mains des esclavagistes. La première trace écrite de cet esclavage date du règne de Rudolf IV en 1331-1355, où ils sont décrits comme étant la propriété de monastères et de propriétaires terriens. 

<--------    Forgeron rom

 
Basile Lupu, -l'"Ataturk" roumain- législateur et unificateur qui imposa contre le grec, le roumain comme langue

Mais ce n’est que sous le règne de Basile le Loup de Moldavie (1634-1654) qu’est instituée une loi en quarante points codifiant leur "statut" d'esclaves, le terme roumain tsigan devenant synonyme.
Comme les noirs d'Amérique, ils sont alors divisés en tsigani des champs, et tsigani de maison, ces derniers se subdivisant en sclavi domnesti, les esclaves des nobles, sclavi curte, esclaves de la cour, sclavi monastivesti, esclaves de l’Eglise etc... et soumis à différents travaux, laboureurs, chercheurs d’or, forgerons, serviteurs, cuisiniers, montreurs d’ours ou musiciens. Il est à noter que, si certains Roms étaient utilisés comme musiciens, il était interdit aux autres de posséder des instruments de musique! Il leur était toutefois possible de se racheter -ou de faire en sorte qu'on les rachète- : de là peut-être la coutume de porter leur "fortune" sur eux -bijoux en or-, un moyen de signifier leur solvabilité.

Le passage de la Moldavie et de la Valachie sous administration turque au 16ème siècle avec une autonomie relative d'abord puis sous domination directe au 18ème ne change pas grand chose pour les esclaves romani.
Au 19ème, le code de Basile le Loup est oublié mais en 1818, le code pénal de Valachie arrête: "les tsiganes naissent esclaves, tout enfant né d’une mère esclave est esclave, tout propriétaire a le droit de vendre ou de donner ses esclaves, tout tsigane sans propriétaire est la propriété du Prince.." Celui de Moldavie de 1833 précise: "des mariages légaux ne peuvent avoir lieu entre des personnes libres et des esclaves. Les mariages entre esclaves ne peuvent avoir lieu sans le consentement de leurs propriétaires. Le prix d’un esclave doit être fixé par le tribunal, selon son age, sa condition et sa profession." Les roms sont donc vendus et achetés à des foires aux esclaves, le prix, au 19ème étant généralement d’une pièce d’or par kilo, sans égard pour les liens familiaux malgré une loi de 1757 qui interdit de vendre les enfants séparément de leurs parents, le plus souvent "par lot ".
Photo de Eric Roset, que je remercie ici
Des voix s'élèvent...
Mihaïl Kogalniceanu, tsiganologue et homme politique roumain du 19ème siècle écrit: "Quand j’étais jeune, je voyais dans les rues de Iassy des êtres humains aux mains et pieds enchaînés, certains même portant des anneaux de fer autour du cou et de la tête. Des peines cruelles de fouet, de privation de nourriture, d’enfumage, de maintien nus dans la neige ou dans la rivière gelée, tels étaient les traitements infligés aux Gitans. La sainteté de leurs mariages et de leurs liens familiaux n’étaient pas respectés. On arrachait la femme à son mari, la fille était séparée de force de sa mère, on arrachait les enfants des bras de leurs parents, on les séparait et on les vendait aux quatre coins de la Roumanie. Ni les hommes, ni les lois n’avaient pitié de ces malheureux."
Les "mariages" entre roms sont le plus souvent arrangés pour de simples questions de reproduction, un prêtre officialisant l’union avant qu’on les force. Si le code de Basile le Loup prévoit que " un tsigane qui viole une blanche doit être brûlé vif ", les propriétaires ne se gênent pas pour violer des esclaves, si bien qu’au 19ème siècle, Félix Colson note que de nombreux esclaves roms sont blonds. En visite chez un baron roumain, il écrit dans ses mémoires que "la misère se lit tellement sur leurs corps qu’à les regarder, on risque de perdre l’appétit". Il est à noter que si la loi n’autorisait pas un baron à tuer son esclave, cette pratique était néanmoins courante (la loi n’interdisant pas les châtiments corporels qui pouvaient se terminer par la mort).

La révolte des Netoci. Vers la Desrrobireja (émancipation)?
Dans les Carpates, des Roms affranchis ou évadés, parfois liés aussi à des gadjé, ont formé des communautés semi-nomades, les Netoci. Considérés par l’idéologie dominante comme "les plus dépravés" des Roms, accusés de cannibalisme, ils sont vus comme des héros par le peuple romani et lorsque au début du 19ème, les barons tentent de les réduire à nouveau en esclavage, les Netoci se lancent dans une guerre de guérilla qui ne cessera qu’avec son abolition définitive. De nombreux soulèvements d’esclaves contre leurs propriétaires ont également eu lieu. (Voir le livre de Mattéo Maximoff, "Le prix de la liberté.")


Dans la société roumaine, des voix se font entendre plus fort : "Les européens fondent des sociétés pour l’abolition (...) en Amérique alors que sur leur propre continent 400.000 tsiganes sont maintenus en esclavage" (Mihaïl Kogalniceanu, 1837.) D'autre part, le passage du mode de production féodal au capitalisme mécanisé rend l’esclavage moins utile. Des propriétaires terriens et l’Eglise commencent à les affranchir, en 1844 pour l’Eglise Moldave, 1847 par l’Eglise Valache. 
 
La révolution roumaine de 1848

La révolution démocratique-bourgeoise menée contre l’empire ottoman par les "bonjouristes", des patriotes radicaux de culture française proclame que "le peuple roumain rejette la pratique inhumaine et barbare de la possession d’esclaves et annonce leur libération immédiate". Mais, en 1849, les forces turques au sud et russes au nord réoccupant le réintroduisent et les barons récupèrent leurs anciens esclaves. Cependant la lutte pour l’abolition continue et il devient enfin illégal le 23 décembre 1855 en Moldavie et le 8 février 1856 en Valachie.
En 1856, c'est la naissance de la Roumanie , non encore indépendante (traité de Paris) dont le prince Ioan Alexandru Couza sera à la tête: il l'abolit définitivement en 1864 sous l'impulsion de Mihaïl Kogalniceanu, ainsi que le servage. Celui-ci prévoit une réforme agraire qui devrait profiter aux serfs et esclaves libérés mais en février 1866 les fractions les plus réactionnaires et les barons donnent le pouvoir au roi Charles 1er de Hohenzollern. De plus, malgré l’autonomie, la Roumanie reste très dépendante de l’empire ottoman et de ses structures féodales.





Le prix de la liberté
Libérés de l’esclavage, les Roms continuent de vivre dans des conditions dramatiques parfois pires. Nombreux  fuient le pays, craignant un retour de bâton, d’abord dans les pays voisins, puis jusqu’en Scandinavie ou en Europe de l’Ouest, voire en Amérique. Les autres restent le plus souvent dans les villages où ils vivaient. Leur misère est effroyable : habillés de guenilles, soumis à la faim.... La liberté leur  offre  un statut guère plus enviable que celui d'esclave. Un esclave représente une valeur marchande, pas un homme libre : en plus du dénuement, ils doivent subir les... meurtres.


C’est ainsi que deux voyageurs américains, au début du 20ème siècle, racontent qu'alors qu’ils offraient du chocolat à deux petits mendiants roms, les deux enfants se sauvent en criant "Moarte! Moarte !" (Mort !). En effet, à de nombreuses reprises après leur "émancipation ", ils se sont vus offrir de la nourriture empoisonnée, un moyen utilisé pour se débarrasser d’eux, si bien qu’une des premières leçons qu’apprennent les enfants à cette époque est de ne jamais accepter de nourriture d’un étranger.
A partir de la fin du 19ème, des Roms, essentiellement ceux qui ont réussi à faire des études, commencent à s’organiser pour exiger l’égalité.

En Turquie, les mariages inter ethnies avec les kurdes sont fréquents, les deux peuples étant culturellement assez proches.

 

 

 ET AU BOUT DU PERIPLE, LE PRESQUE-PRESENT: LES CAMPS DE LA MORT

 

Les camps de la mort, dossiers "France 2"

 

 En Roumanie, la dictature d’Antonescu et la déportation en Transnistrie ("pays au delà du Dniestr" qui sépare la Moldavie de l'Ukraine) et en Bessarabie (au sud)... considérées comme zones de "dépotoirs ethniques" (où il envoya également les juifs.)

 

Des zones concentrationaires à ciel ouvert
    La déportation des roms : la Transnistrie

 Le long du Dniestr la Transnistrie -en rouge-, état non reconnu (qui fait à présent partie de la Moldavie) enclave -utilisée ensuite par l'URSS pour s'assurer un fer de lance pénétrant les Balkans- séparant l'Ukraine (l'Europe de l'Est -ex union Soviétique-) de l'Europe Centrale. (Plus au sud, la Bessarabie -rien à voir avec "arabe"- sur la mer noire). Climat continental. C'est là que les roms furent abandonnés et moururent de faim et de froid. Certains toutefois furent recueillis dans des villages. 

C’est ainsi que les Roms traversent l’histoire de la Roumanie, son indépendance, reconnue par le congrès de Berlin en 1878, sa participation à la première guerre mondiale aux côtés des alliés, puis le rattachement de la Bucovine et de la Transylvanie (prises à la Hongrie) ainsi que de la Bessarabie (prise à la Russie).
Face à la crise mondiale de 1929 et aux grèves ouvrières qui ripostent à la misère, le parti de la "Garde de Fer ", groupe fasciste créé dans les années 20 par Horia Sima (et où on trouve notamment Ionesco, Mircea Eliane ou Cioran) est soutenu par une fraction croissante de la bourgeoisie. Pogroms fréquents en Moldavie et en Bessarabie à l’encontre des juifs et des roms; par le biais de l’influence du nazisme et des thèses de Ritter, le racisme anti-rom se construit un corpus idéologique "scientifique". Il ne s’agit plus seulement de décrire les Roms comme "voleurs" et "débauchées", mais aussi, comme Ion Facaoaru, le principal théoricien roumain du racisme anti-rom, de lutter contre "le péril tsigane d’appauvrissement génétique du peuple roumain". Dès 1938, un Commissariat Général aux Minorités est créé, chargé particulièrement, de la "question tsigane". Les universités, et en particulier celle de Cluj, se tournent vers l’étude de l’anthropologie eugéniste (idéologie du "sang pur" de la "race roumaine" menacée..)
En 40, le roi Carol II abdique et son fils Michel appelle au pouvoir le fasciste Antonescu soutenu par la Garde de Fer qui se proclame Conductator; l’URSS, en raison du pacte germano-soviétique occupe la Bessarabie et la Bucovine.La Hongrie du fasciste Horty annexe le nord de la Transylvanie; la Roumanie devient un état "national-légionnaire" allié de Hitler. La situation est dramatique. En 40, il est interdit aux Roms "nomades" de "rôder l’hiver".
 


Des "camps d'extermination" à l'antique, spécificité roumaine  !

La Transnistrie et la Bessarabie, la faim, le froid, la mort

En 1941,stérilisation des femmes. En mai 1942, recensement général de la population rom, 208.700 Roms sont fichés. 1er juin, la déportation des "nomades et semi-nomades" en Transnistrie nouvellement acquise par la Roumanie. 11 août, 84% des Roms "nomades et semi-nomades" ont traversé le Dniestr. Les ordres précisent de n’informer en rien les déportés sur leur destination. Une fois en Bessarabie, ils doivent changer leur argent en reichsmarks et sont ensuite assignés à une localité. Un maire de village publie en 1945 ses souvenirs sur cette période : "Fin août 1942 commencèrent à arriver à Trihai, sur le fleuve Bug, des Roms. Ils furent répartis dans les fermes environnantes -ou, pire, jetés dans la nature sans abri possible, nourriture ni vêtements chauds- en une semaine, ils furent quinze milles Roms à arriver dans un état incroyable de misère. Il y avait beaucoup de vieillards...

Certains étaient nus".

Cela empire encore : à partir du 12 septembre 1942, c'est la déportation des Roms sédentaires, en train, y compris les enfants non accompagnés,  autorisés à ne prendre qu’un seul bagage à main, tout le reste (terrains, maisons, animaux, etc.) étant confisqué. La rafle dure huit jours. Les seuls Roms qui évitent la déportation sont ceux des familles de soldats, mesure prise à la suite de mutineries de soldats roms sur le front lorsqu’ils apprenaient le sort de leur famille. Voir à ce sujet des témoignages bouleversants sur les roms engagés dans l'armée roumaine contre les alliés qui voyaient les leurs abandonnés dans des campagnes  isolées (avant qu'une "meilleure" organisation ne les fît conduire dans des camions-chambre-à-gaz).. où ils mourraient de froid et de faim. Notons à ce sujet que, comme les kurdes, les roms étant de nationalités différentes, lors des conflits, ils se trouvèrent parfois engagés -de force- des deux côtés de la barrière et furent ensuite les premières victimes de la répression lors de la victoire d'un camp sur l'autre. De plus, leurs qualités d'endurance militaires en faisaient des recrues fort appréciées -il y a peu, en France, on les envoyait systématiquement dans les "bat d'af", régiments d'élite-. Cela explique parfois leur relative "désunion" -comme celle des kurdes-. Plus "français" -ou "italiens", "espagnols", "hongrois" etc... - que roms, en somme. En 40, ce fut dramatique; mais certains parvinrent à déserter et dans la résistance combattirent avec un héroïsme qui laissa trace -un peu-. (Encyclopédie de la Shoah, lien.)
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Image du Blog tziganes.centerblog.net
Roms avant leur gazage (Jasenovak)

Le triangle marron, qui s'en souvient ? Voici une vidéo poignante (musique magnifique) et l'article de Cyril Lazaro - Olivier Besancenot 


Poème des camps de la mort (source : liens utiles, Romane et Romane.blog )


Mémoire trouée, un exemple cruel

Les camps d’internement de Lety en Bohême et Hodonín en Moravie sont les symboles de l’extermination des Roms de Bohême-Moravie. Or, qu'y a-t-il à leur place à présent ? Un monument ? Une stèle ? Pas du tout : à Lety se trouve aujourd’hui encore, à proximité, une porcherie ! et Hodonín était jusqu’à l’an dernier... un camp de vacances ! C'est l'absence de reconnaissance du génocide -au point que des roms ont été expulsés de Drancy où ils venaient se recueillir pour commémorer le samudaripen- qui a permis qu'ils soient ainsi traités par la suite, exemple les expulsions de Sarko. Rien ne s'est passé, en somme.. Cité par Maryvonne Leray, cyber résistante
En France le Struthof (lien H Larrivé "en vrac") est plus connu, mais qui sait qu'il était aussi un camp d'extermination d'un genre spécial ?

Le génocide arménien lui aussi passé aux oubliettes, à présent reconnu -mais pas par la Turquie- comme celui des kurdes, non reconnu, conduisit souvent, comme celui des roms, à l'acculturation des survivants -à la différence de la Shoah.   
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La mort en Transnistrie, juifs et roms ensemble
En Transnistrie, les conditions de vie sont dramatiques : famine, froid, et typhus, sans compter ceux qui sont abattus parce qu’ils tentent de s’évader. Certains, y compris l’hiver, étaient nus. La famine est telle que certains mangent des chevaux, alors que pour eux le cheval est tabou. Entre 1941 et 1943, 300 000 juifs furent également déportés en Transnistrie. Mais dès fin 1943, Antonescu comprenant que l’Allemagne ne gagnera pas la guerre, les déportations cessent, le roi Michel dissout le gouvernement Antonescu le 23 août 1944, puis déclare la guerre à l’Allemagne. De 1941 à 1943, on estime à 36.000 le nombre de Roms morts en déportation en Transnistrie.

En Allemagne

En Allemagne et dans tous les pays occupés (dont la France de Pétain)

L'expression est de Hitler "comme les nègres et les juifs, ce sont des sous hommes qui souillent le sang aryen". A éliminer en priorité. 

De fait, leur sort fut en tout point identique à celui des juifs : déportations, travaux forcés, triangle, stérilisation, extermination, expériences "médicales". Une spécificité ils étaient utilisés comme musiciens -avant d'être gazés- et les convois étaient accueillis au son de leurs mélodies.

 

Le stalinisme et Ceaucescu

L’armisticesigné le 13 septembre 1944, le ministre de l’intérieur exhorte alors les Roms à reprendre leurs activités traditionnelles en Roumanie, devenue en 48 une démocratie populaire sous le joug de l’URSS stalinienne... où de nombreux assassinats, tortures, arrestations arbitraires, etc.... sont organisés pour la prise de pouvoir d'un PC qui ne regroupait que quelques centaines d’adhérents en 1945. Il ne semble pas que sous Gheorghiu Dej, alors secrétaire du PCR, une différence existe entre le sort réservé aux Roms et ceux des autres citoyens de Roumanie, les discriminations racistes s’exerçant plus particulièrement à l’encontre de Hongrois, de Serbes ou de Croates. Les Roms restent néanmoins essentiellement utilisé comme main d’œuvre non-qualifiée de l’industrie et de l’agriculture.
 

Mais en 1965, Ceausescu prend la tête du PC. La Roumanie connaît la plus forte croissance économique de tous les pays d’Europe, et prend ses distances avec l’URSS. Seul pays du pacte de Varsovie qui n’envoie pas ses chars à Prague en 1968, la Roumanie devient le plus convenable des pays de l’Est pour l’Occident. De Gaulle, en voyage officiel en Roumanie en 1968, proclame " La Roumanie aux roumains ".

Les daces,


"surhommes" de Ceaucescu
Indépendante" de l’URSS, la Roumanie développe une idéologie ultra-nationaliste raciste. Ceausescu déclare  la supériorité de la race "dace". A part la campagne nationale de 1977 qui confisqua tout l’or (bijoux) appartenant aux Roms, il y a peu de documents sur leur situation à cette époque  mais un fait est avéré::.:
SUR LES  80.000 ENFANTS
trouvés en 1990 dans les orphelinats roumains,  (véritables mouroirs au taux de 
mortalité de 50 et 60%/ an) 80% étaient roms (alors qu'ils ne représentent que 10% à 20% de la population). Matériel non stérile,  épidémies de sida, hépatites, choléra... ce nombre incroyablement élevé serait le résultat d’une politique délibérée : au nom d'une prétendue supériorité des "daces", le peuple qui habitait la Roumanie avant la conquête par les romains en 101, les roms étaient réduits à une main d'œuvre servile dont ces mouroirs épongeaient le surplus: une autre forme de génocide.

 La "révolution" roumaine et les pogroms qui ont suivi

Lors de la révolution de décembre 1989 qui débarrassa le pays des  Ceausescu, le racisme dont les roms sont les premières victimes demeure. Des rumeurs circulent, ils auraient tous étaient des agents de la Securitate, Ceausescu lui-même aurait été rom, la presse ne cesse de publier des articles sur des foules armées de couteaux qui sèmeraient la terreur dans le train Sofia-Bucarest, l’Orient express devra être placé sous surveillance policière pour éviter les raids romani etc... Une véritable campagne de pogroms anti-roms se développe dans toute la Roumanie. Dans des villages, des maisons sont incendiées, des roms, assassinés...


Du 13 au 15 juin, des mineurs, amenés en train à Bucarest pour réprimer des manifestations anti-Illescu (chef du gouvernement), encadrés par des officiers de police, se dirigent vers les campements roms de la banlieue  et les détruisent. Des hommes sont battus jusqu’à perdre conscience, des femmes violées, nombre sont emprisonnés et relâchés seulement quelques semaines plus tard, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Les  incendies, parfois accompagnés de lynchages s'intensifient. Quasiment quotidiens, il arrive que leur cause officielle soit une simple rixe à une sortie de bal entre gadjés et roms et que la police n'intervienne qu'après.. pour arrêter les roms qui y auraient participé !
Exemple d'un rapport  de commission gouvernementale  suite à un pogrom: on peut y lire que "les événements n’ont pas motivations ethniques, la communauté rom a sa part de responsabilité... elle est un danger pour la stabilité ethnique... car ils ont entre 5 et 10 enfants, ne sont pas du village, ne possèdent pas de terre donc certains vivent du vol.. que leur niveau culturel est très bas... ils n’observent pas les rites religieux orthodoxes, n’ont pas de société agraire, perturbent l’ordre par des violences verbales... obscènes, volent etc... une véritable synthèse des préjugés racistes significative de la façon dont police et justice traitent ces pogroms.


"Mort aux tziganes"! (en 90!)
Ce genre de violences de grande envergure à l’encontre des roms a perduré pendant toutes les années 90. Depuis, si on en croit le rapport de la Commission Européenne contre le Racisme et l’Intolérance (23 avril 2002), "les affrontements violents, comme ceux qui se sont produits durant les années 90 entre les groupes majoritaires et minoritaires de la population, notamment avec la communauté rom/tsigane, se sont apaisés". Pourtant, les discriminations subsistent à tous niveaux : violences policières régulières, politiques municipales dont le but est de les chasser, ségrégation dans les écoles, discriminations à l’embauche -dans les ANPE certaines offres précisent qu'elles ne s'adressent pas aux roms- discriminations quant à l’accès aux soins ou à certaines aides sociales, articles de presse et reportages télévisés les présentant régulièrement comme un peuple de délinquants, etc... L’extrême droite raciste, le Parti de la Grande Roumanie fait chorus avec une propagande anti-rom, antisémite et anti-magyar (anti-hongrois). La Nouvelle Droite colle régulièrement des affiches avec pour slogans "Mort aux tsiganes !" ou "Les roms hors de Roumanie! "

Le 13 mars, une quinzaine d’hommes armés de battes de base-ball ont attaqué un quartier romani de Sabolciu; le 8 mai 2002, environ 200 supporters de foot s'en prennent à un quartier rom de Bucarest en criant "les tsiganes hors de Roumanie", les agresseurs tabassant des habitants, cassant des carreaux et détruisant les portes pour entrer. La Desrrobireja des roms reste à conquérir. Cela explique -à nouveau- leur exode vers la France, le pays des droits de l'homme dont Sarko est un  fleuron (!)

Notes. Le terme officiel de Roumanie n’apparaît qu’en 1861 (l'indépendance) après l’unification des principautés de Valachie et de Moldavie. La Valachie est la région de Bucarest, la Moldavie, de Iasi. Le pays qui aujourd’hui s’appelle Moldavie est par contre né de l’unité de la Bessarabie et de la Transnistrie.

"Rom" ["homme" en romani] et c’est par ce terme qu’ils se désignent eux-mêmes -parfois-. Comme en roumain le terme "tsigan" est devenu synonyme d’esclave, nous n’employons le mot français "tsigane" que pour traduire des textes d’esclavagistes et/ou de racistes.
Gadjé: pluriel de "gadjo", désigne pour les Roms tous ceux qui ne sont pas originaires des "peuples du voyage", ainsi qu'on les nomme parfois, improprement car les roms sont pour la plupart sédentaires même s'ils prennent souvent la route malgré eux. Cause ou conséquence, ils sont souvent à la marge, habitant des HLM -ou dans des camps qu'on leur concède, la plupart du temps mal entretenus et situés à l'écart des villes près des décharges- mais gardent une caravane prête au cas où... et partent parfois durant d'assez longues périodes rejoindre des parents/amis en camp...
Un roman de Mattéo Maximoff "Le prix de la liberté" traite justement d’une révolte romani au 19ème siècle en Roumanie (édition Wallâda).

EN RESUME, LE SAMUDARIPEN

On estime à 500.000 (certaines sources donnent 1 million!) le nombre de tsiganes d’Europe victimes du génocide sous le nazisme, un chiffre qui, en proportion, est équivalent ou supérieur à celui du génocide juif. Dans la majorité des pays, le sort réservé au Roms fut semblable à celui des juifs: massacre par des unités de la SS en URSS, extermination dans les camps de la mort pour les Roms et Sintis d’Allemagne, d’Autriche et de Pologne, etc.
 


Un cas particulièrement pervers 




Le camp de Terezin comportait une zone totalement séparée qui leur était réservée, figurant une sorte de "village" pimpant avec même des pots de fleur aux fenêtres...

où au départ ils furent bien traités, nourriture, musique, travaux peu pénibles... on leur fournit même des cartes postales du camp pour envoyer à leur famille... (!)
Et après que tous furent venus les rejoindre, on les gaza en une journée jusqu'au dernier. Le racisme des nazis à leur encontre était tel qu'ils ne voulurent même pas les "sélectionner" pour des travaux épuisants comme ils le faisaient pour les juifs.

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Sources: Hancock, "Roma Slavery"..."The Pariah Syndrome" in "Patrin"
Claire Auziaz "
Samudaripen, le génocide des tsiganes", Editions L’esprit Frappeur, Paris 1999
Article de Hoboctb n°10 - décembre 2002. Contact: HOBOCTb C/o CESL - BP 121 - 25014 Besançon cedex. E-mail: helenelarrive@gmail.com (l'autre adresse ne marche pas.)
Cité par Joseph Varéa, que je remercie ici, ainsi qu'Anic Darnault pour son tableau ("l'oeil").
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UNE FIGURE OUBLIEE

Mihaïl Kogalniceanu,
le Lincoln roumain





Mihaïl Kogalniceanu 1817-1891, historien, romanologue et homme politique. Qui le connait ? Lorsque en 1861 la Roumanie est crée par l'unification de la Valachie (Bucarest) et de la Moldavie (Iasi), Mihaïl Kogalniceanu en fut brièvement le premier ministre et abolit l'esclavage.


L'esclavage, une abolition par étapes


Lorsqu'on lit que l'esclavage des Roms a été aboli en 1856 suite à l'influence des idées propagées par le révolution de 1848, c'est inexact. Certes, dès 1837, Kogalniceanu -cité plus haut- et des progressistes s'insurgent, mais si des propriétaires terriens, l'Eglise, en 1844 pour la Moldavie, en 1847 pour la Valachie, commencent à les affranchir, c'est parce qu'ils ne leur sont plus utiles... et, si la révolution démocratique-bourgeoise -1848- des ''bonjouristes"… [de jeunes intellectuels francophiles, imprégnés des idées de la révolution dont les épigones furent Panait Istrati, Tzara, Cioran...] patriotes combattant l'empire ottoman, annonce "la libération immédiate de tous les tsiganes''... dès 1849, il est rétabli par les forces turques et russes victorieuses. La lutte pour l'abolition continue et, s'il devient illégal en 1855 en Moldavie et en 1856 en Valachie, cela n'a pas d'effet et c'est le Prince Ioan Alexandru Couza, dirigeant à partir de 1861 la nouvelle "Roumanie" qui, sous l'impulsion de Kogalniceanu, l'abolit deux ans après -il ne s'est pas hâté- c'est à dire en 1863, ainsi que le servage. On observe donc que de 55 à 63, l'esclavage théoriquement "interdit" était toujours pratiqué en Roumanie.
Ian Hancock (source)  cité par "La tribune de Genève (lien)

Note : cet article pose problème : la restauration  de l'esclavage en 49 y est attribuée à Alexandru Couza, l'éphémère roi de la nouvelle Roumanie alors qu'elle semble plutôt reliée aux barons valaches et moldaves collaborateurs des forces turques "occupantes". En fut-il le complice par opportunisme avant de devenir, sous l'impulsion de Mihaïl Kogalniceanu son ami et ministre, son abolisseur -ce qui lui coûta son trône ? Question ouverte.


Controverses, un peu de philosophie...
Le honte d'être rom
Jean-Marc Turine ''Le crime d’être Rom'' (Ed. Golias)

"Lorsque Simon Wiesenthal demanda en 1984 à Elie Wiesel que les Roms soient représentés dans le Conseil qui visait à perpétuer le souvenir de la Shoah, celui-ci lui répond sans détour qu'''il ne fallait pas dévaluer l’Holocauste''.. ce à quoi Wiesenthal rétorque qu'''il ne fallait pas dévaluer le nazisme'', car les Roms, au même titre que les Juifs, ont été victimes du racisme fanatique du régime hitlérien. Leur extermination a même été planifiée de plus longue date puisqu’en 1906 déjà, un certain Alfred Dillman préconisait de débarrasser l’Allemagne de ce peuple ''criminel, asocial et fainéant'' par nature.
Cet épisode illustre le fait que certains dans la communauté juive tentent de s'accaparer le statut de victimes uniques du génocide nazi quitte à verser dans le négationnisme du génocide rom. En tronquant et en minimisant la réalité de l’entreprise de mort que constituaient les camps d’extermination, ils mettent ainsi à mal les efforts d’autres intellectuels juifs qui, conscients de la capacité de leur communauté à imposer au monde la mémoire de la Shoah, sont les avocats dévoués à la mémoire du génocide rom.

Les Roms eux-mêmes portent-ils une responsabilité dans ce déficit de mémoire?
Si la communauté rom a refusé les compensations que lui proposait l’Allemagne, ce refus ne constituait en rien un déni de mémoire mais s’expliquait par le fait que les compensations étaient attribuées à titre ''humanitaire'' et non en tant que ''victimes de crime contre l’humanité''. Une insulte à la mémoire : ils n’ont pas été victimes de la famine ou d’une catastrophe naturelle ! Cela dit, il est certain que des conflits internes à la communauté ont miné le poids de leur représentation et leurs chances d’inscrire de manière forte la réalité de la tentative d’anéantissement de leur peuple dans l’Histoire.

Et l’argument qui fait des Roms un ''peuple de l’oralité'' qui craint le passé et désire l’enfouir?
Certes, il existe un certain esprit selon lequel ''le passé fait peur, le futur ne risque pas d’être meilleur, donc il faut vivre dans le présent''. Mais cela ne signifie pas que ce peuple n’ait pas de mémoire. Sans mémoire, un peuple meurt. Sans doute leur tradition orale, au contraire de la tradition livresque juive, s’est-elle trouvée dépourvue face à la question de la transmission au sens où nous l’entendons. Mais peut-on considérer qu’un peuple de tradition orale est pour autant sans mémoire?
C'est à cause de la non reconnaissance du génocide subi par les Roms qu’il est possible aujourd’hui qu'ils soient traités d’une manière aussi violemment discriminatoire. Cela n'eût pas été possible si la communauté rom avait bénéficié d’un statut clair et officiellement admis de victime de génocide. Les autorités politiques européennes, se rendant sciemment coupables de ''non assistance à peuple en danger'' prennent le risque de voir éclater à tout moment une véritable bombe sociale." Réponse à l'article :

    "Qui que vous soyez, soyez remercié au nom de la communauté des voyageurs. Je suis Rom de Macédoine et depuis ma plus tendre enfance j'ai été élevé dans une ambiance de non-dit sur nos origines. Savez-vous combien de personnes de ma famille n’osent pas dire que nous sommes ce que nous sommes? Imaginez le nombre de sédentaires depuis des décennies ou des siècles, intégrées, qui n’osent s’affirmer ou du moins ne pas se cacher. Cette communauté se laisse dépecer. J’ose espérer qu’un jour, des gadje comme nous avons pour habitude de les nommer se préoccuperont des ''pauvres'' que nous sommes (beaucoup trop d’entre nous sont analphabètes donc sans armes pour se défendre.) Veuillez cher humaniste, recevoir ma pleine gratitude." Interview par Amnesty international de l'auteur reprise sur le site d'Amnesty avec ce commentaire.

Un peuple divisé ?


Comme chez tous les peuples diapsorés, les caractéristiques physiques des roms sont diverses : parfois rien ne les distingue d'un européen non rom, d'autres, d'un indien ou d'un méditerranéen. Il arrive qu'on les prenne pour arabes. Les roms roumains, les "tsiganes" ou les sintis [émigrés 4 siècles avant les rajputs] d'allure occidentale, aux noms germanisés ou balkanisés et les gitans hispanisés s'entendent parfois assez mal. Ceux qui, esclaves, se sont mêlés aux populations indigènes et les seconds, plus "libres" et plus "fermés" qui auraient davantage conservé leur culture originaire se reconnaissent mal comme un seul peuple... [notons que si les relations femmes tsiganes- hommes slaves étaient fréquentes, l'inverse, bien que parfois toléré voire exigé -au cas où la maîtresse de maison était stérile par exemple- était en tout autre cas puni de torture et de mort par crémation]. Reste le métissage tout de même et le fait que les roms des Balkans eux aussi aient "perdu" en partie les caractéristiques extérieures de l'indianité. [Je pense par exemple à une amie parfaitement intégrée -à un haut niveau- dans sa ville... qui refuse catégoriquement pour elle le terme de "gitan" et même de "rom"... tout en se reconnaissant volontiers "tsigane", précisant qu'elle vient de l'Est comme l'indique son nom -alsacien-... et ce malgré des traits indiens très accusés, une exception. "Tsigane, oui ; gitane ou romi, jamais !" Elle n'est pas une "caraque" en somme.] Cela évoque chez les juifs le dédain des ashkénazes germanisés issus de l'Est vis à vis des "séfarades" ou "misrahims" d'origine arabe. 
 Le racisme génère la honte, comme chez tous les peuples racisés et la tentation de se fondre dans la masse, d'oublier sa romité -si on a la chance qu'elle ne soit pas visible-  tout est tellement plus simple ! Certains n'osent pas dire où ils habitent, sachant par avance le mépris dont ils vont être l'objet -ou la fin de non recevoir d'un employeur putatif-. Et ils déménagent dès qu'ils le peuvent. Fondus dans les groupes autochtones, assimilés, il arrive qu'ils soient rejetants -ou distanciés- vis à vis des autres -y compris de leurs parents- et même parmi les différents groupes professionnels, il y a une hiérarchie : les ferronniers, en raison du "désordre" relatif de leurs campements -relié à leur activité de récup- étant au plus bas -actuellement, car ce n'était pas le cas autrefois-. Propreté, pureté, hygiène -contrairement au cliché- sont chez les femmes roms une quasi obsession -atavisme de leur appartenance de caste?- Même si les enfants, nombreux, souvent dehors, sont inévitablement souillés, les caravanes sont lavées de fond en comble tous les jours.
Même dans un environnement dégradé relié à l'emplacement des camps, à leur profession -récupération des ferrailles- ou à la pauvreté...  l'intérieur des habitations, masures, cottages ou caravanes est remarquablement astiqué. Lorsqu'on va chez eux -ils invitent volontiers, même à l'improviste-  souvent, le premier souci de la maîtresse de maison est de faire visiter, comme si elle éprouvait le besoin de montrer l'état impeccable de son logis. L'appellation "gens du voyage", terme vague qu'on leur attribue par défaut -toute référence ethnique étant interdite dans les textes officiels, panneaux...- les gêne, désignant des groupes nomades très divers socio économiquement et culturellement conduits à ce mode de vie par nécessité -ou vocation-, profession -forains, artistes itinérants- ou en raison d'une totale marginalisation -alcoolisme, misère-...  Dans ces groupes, ils ne se reconnaissent pas, même si, voisins, ils se côtoient. Sédentaires à 90% soit en camp soit en HLM, maisons.. -ils gardent alors un "pied" dans le terrain où résident des membres de leur tribu-, installés depuis des générations, ils se sentent français, espagnols... autant que roms. Le cliché "enfant de Bohême" les agace : ils n'ont pas choisi de voyager ou d'être "parqués" à l'écart des villes avec des collègues d'infortune "gadjé" -arabes parfois, avec lesquels les relations peuvent être tendues- et refusent l'amalgame.
 Même le romantisme est parfois un ostracisme en rose : "ils sont légers, bohèmes, [le mot qui les désignait est devenu générique !] forcément chapardeurs, séducteurs..." ils font rêver mais ce sont des gens que l'on n'aime qu'au théâtre et dont on ne veut pas chez "soi." Des "enfants" imprévoyants, comme les noirs. Le revers de ce portrait gentillet, c'est  : "ils vivent d'aides sociales, font du bruit à tout heure, ne tiennent aucun compte des autres et de la loi, donnent un exemple déplorable, draguent  [ou violent] "nos" filles -ou séduisent nos garçons- etc..." Carmen ! Ce point -la musique à toute heure- est le seul -relativement- réel : à Nîmes, juste avant la Féria -là aussi, ils ont adopté avec enthousiasme les coutumes de l'endroit où ils se trouvent!- difficile de fermer l'œil mais c'était relié à l'hispanité plus qu'à leur romité. [Nouvellement nommée, j'avais aménagé dans un quartier gitan, au début avec joie, un théâtre gratuit à ciel ouvert, flamenco, guitare... mais ensuite, la fatigue eut raison de ma ferveur.] Une enclave espagnole d'aficionados peu propice à la concentration certes mais le jour où mon fils âgé de six ans, sans que je ne m'en rende compte, partit "se promener" seul (!) il me fut ramené illico. Une "famille" donc, avec ses aléas et sa solidarité. Cela valait bien quelques nuits agitées. Signalons ici que si le mythe du gitan "voleur d'enfants" est prégnant -tous les enfants du Midi ont vécu avec ces légendes délicieusement terrorisantes-  chez les roms, il y a le même mythe dans l'autre sens... sans doute moins invraisemblable ! [J'avais objecté que je ne voyais pas pourquoi des gens qui avaient de si nombreux enfants auraient éprouvé le désir d'en "voler" qui n'étaient pas meilleurs que les leurs. Mais dans le doute, j'évitais tout de même le "camp" sans qu'on ne me l'ait jamais interdit !] Un détail : lorsque récemment je me suis promenée vers ce quartier -ici dit "Daudet"- je me suis aperçue soudain d'un fait stupéfiant : bien que née dans le village où j'ai passé toutes mes vacances, souvent dehors, dans la campagne, partout... c'était le seul endroit où je n'étais jamais allée !!!      
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Entre un rom russe, ukrainien, roumain, espagnol, américain ou français, la différence est évidente, comme le souligne un article par ailleurs douteux du Figaro (lien) qui  utilise leur hétérogénéité pour les raciser en faisant mine de les soutenir : les "bons" rroms, appelés "tsiganes", français, intégrés, travaillant, sédentaires ou non "souffriraient" des "mauvais", issus de Roumanie,  "délinquants, prostitués" et se montreraient favorables à leur expulsion... Diviser, toujours: les racistes s'y entendent, recrutant une minorité contre l'ensemble. Tout antisémite a son "bon" juif -un "ami" toujours mis en évidence, lui aussi antisémite quoique juif-;  tout antiromiste a ses "bons" roms, également antiromistes. Diviser est plus facile dans leur cas -ainsi que  pour les kurdes ou les noirs- car ils sont plus syncrétiques que les juifs, et même l'exact opposés sur ce point. Remarquablement ouverts, ils ont adopté partout où ils se sont installés avec ferveur, les coutumes et les religions autochtones -tout en conservant leurs rites et leur culture mystique- : chrétiens protestants, évangélistes, catholiques romains ou orthodoxes, musulmans -ch'iite ou sunites-, bouddhistes, alevis, yezedis, manichéens, animistes et même juifs! Un cas exceptionnel mais qui fragilise parfois le groupe originel.. et  d'autre fois le renforce. Les juifs, peuple "élu", souffrent de leur fermeture ; les roms, de leur syncrétisme.   
     Leur différence, entretenue ou renforcée, est dramatique lors d'un conflit entre deux pays. La violence? Lorsqu'il n'est pas question d'aller porter plainte ou d'ester en justice, c'est une "solution" qui surgit. Inéluctable. Et la peur qu'ils inspirent est parfois leur seule arme. On confond seulement la cause et la conséquence. 
    
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 Faysal Riad, linguiste, de "dazibaoued", LE site à ne pas rater.
"Les roms, et les autres exclus"
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Selon le Robert, les Tsiganes sont des populations originaires de l’Inde, apparues en Europe au XVIe siècle, qui mènent une vie nomade en exerçant divers petits métiers...
C’est ce qu’on croit des Bohémiens, Gitans, Zingaros, Manouches, Romanichels et autres Roms. Issus d’une migration partie d’un point unique, l’Inde, et vivant en marge de toutes les sociétés, la vision est fondée sur un schéma évolutionniste crée de toutes pièces par des historiens européens au XIXe siècle.

De bons musiciens

Très souvent méprisés, exécrés, ils n’intéressent personne. Le succès de ces clichés permet de ne pas voir la violence avec laquelle sont traités habituellement les nomades marginaux: s’ils sont pauvres, qu’ils vivent dans des conditions intolérables, c’est que cela fait partie de leur culture...

En réalité, les nomades d’Espagne, de France ou de Bohême ne parlent pas la même langue, n’ont pas la même culture et ne sont pas tous originaires d’Inde. Cf Nicole Martinez ''Que sais-je ?'' sur les Tsiganes. L’orientalisme, part souvent d’idées préconçues, fausses ou a demi vraies qui toutes réduisent les responsabilités des sociétés excluantes.

Comme c’est le cas lorsqu’on veut inférioriser un groupe sans pour autant paraître raciste, certains clichés se veulent positifs : comme les noirs souvent considérés comme moins intelligents mais par ailleurs de bons chanteurs, de bons danseurs et de bons coureurs, nos Tsiganes, ''voleurs de poules'' feignants, sont de grands musiciens et leurs femmes de grandes danseuses... Si le talent musical de Mozart ou de Debussy s’explique par leur génie propre, celui de Django Reinhardt ou de Sayyed Youssouf ne peut s’expliquer que par la vélocité propre à son peuple...


Un peuple unique, une origine commune ?


Dans le monde entier, ont toujours vécu en marge des sociétés des ''populations flottantes''. Peut-être d’origine indienne... Des guerres oubliées, des massacres dont personne ne se soucie, ou des tragédies dont les historiens ont peu parlé, ont poussé de nombreux groupes très différents à migrer pour survivre. Exemple : la destruction de ville de Belluno en 1873, dont les quelques survivants qui n’étaient pas d’origine indienne, ont migré un peu partout. Il y a des groupes qui passent pour des Tsiganes un peu partout dans le monde: Tatares scandinaves, Tinkers irlandais, Sankas japonais ou Pochas arméniens. Toujours méprisés, ils ont rencontré de grandes difficultés pour se sédentariser. Il serait néanmoins naïf de croire que les roms du Bourget ou de la Courneuve sont les descendants des Égyptiens présents dans l’oeuvre de Molière, car nombre d’entre eux ont fini par acquérir une nationalité et se sont finalement installés dans les sociétés qui les avaient exclus, profitant de périodes d’ouverture relative (ce n’est à l’évidence pas le cas de notre époque, qui a plutôt tendance à les rejeter violemment) note de moi : parfois, rarement, à un haut niveau et souvent dans des professions artistiques (Zavatta, Bouglione -qui disait de lui qu'il était "analphabète, gitan et milliardaire, dans l'ordre de l'importance"-, Cziffra, Carmen Amaya, Manitas de Plata, Django Reinhardt etc...)

Rêves et cauchemars européens

Notre imaginaire collectif, s’exprimant à travers la littérature ou la peinture, a depuis très longtemps considéré contre toute logique que tous ces peuples avaient une seule et unique origine, forgeant ainsi une identité fictive très mystérieuse, tour à tour objet de haine, de peur, de curiosité, de mépris, ou le cas échéant, objet d’amour ou de compassion.

Baudelaire a largement contribué à la mythification des bohémiens aux prunelles ardentes; de même que Victor Hugo et sa Cour des miracles... A cet égard, l’évolution du sens du mot bohémien est très révélatrice de l’exploitation romantique de ces nomades exclus de toutes parts. En réalité, cette littérature tsiganophile dressant le portrait-robot d’un nomade immuable et éternel nous en apprend plus sur les pulsions et les peurs de nos sociétés que sur les véritables Tsiganes ou sur nos capacités à exclure des groupes divers et variés.

Traits communs

Les comportements similaires observés par les tsiganologues, qui seraient autant de preuves de l’origine commune de tous les peuples flottant à travers l’Europe, ne sont que des traits communs à toutes les populations défavorisées. Ces comportements s’observent notamment au Mexique, dans les cités dites de transit françaises, dans les ghettos noirs américains, ou chez exclus paupérisés des pays de l’Est. Des traits communs sociologiques ne suffisent pas à créer un peuple, et la culture ne peut se réduire au mode de vie: tous les nomades n’ont pas la même origine et l’isolat social ne l’implique pas. Tous ceux que nous appelons Tsiganes ne parlent pas la même langue et leurs musiques par exemple sont très différentes.

Il n’est dès lors pas étonnant de voir des peuples divers, n’ayant souvent aucun lien entre eux, adopter des modes de vie comparables lorsque leurs situations sont comparables exclus, vivant en groupe et vivant dans des espaces périphériques, s’habillant de bric et de broc. Mais essayez de vivre en famille dans la banlieue d’une grande ville européenne avec trois fois rien, vous verrez comment vous seront facilement attribuées d’évidentes origines indiennes..." Faysal Riad, voir blog cité précédemment.




Les Droits de l'homme
Ma réponse à Marc
au sujet des roms

"La France est le pays des droits de l'homme... et sais-tu, on a une réput d'enfer à laquelle je dois peut-être la vie... un jour qu'à Beyrouth où on venait d'arriver, on a été arrêtés à un check point; un soldat de la la "force arabe" [des casques bleus] m'a demandé de "sortir mes papiers", j'ai mis la main à mon sac... et tout de suite, un bruit bizarre "klllkkk", je lève la tête : la kalach armée est braquée à quelques centimètres de ma tempe, le cri en arabe mon mari "elle est française", et au mot française, j'ai aussitôt vu s'abaisser le canon, un disjoncteur. C'était un brave type qui m'a dit ensuite pour écraser le coup : "excuse-moi, je pouvais pas savoir, au Hamas aussi, ils en ont des blondes, des jolies comme toi..." Faire sauter la tête d'une française, le pays de Schoelcher et des droits de l'homme, tout confus il était... On a bavardé ensuite quelques secondes en copains: "c'est pas grave, je comprends, allez, j'ai même pas eu peur..." On s'est marrés : de retour à Ndiago, il se serait fait tirer les oreilles bien comme il faut par sa maman qui ne plaisantait pas avec l'abolition de l'esclavage... et pour elle, c'était la France, à jamais respectable.. De cela il faut se montrer dignes... et faire savoir partout très fort qu'on se défausse de Sarko. [Au fait, est-il vraiment tout à fait français, celui-là ? Faut voir : il serait mal fringué et dans un camp de roms qu'il ne ferait pas un pli, ouste, dehors.] Hélène."

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Une belle analyse de Georges Apap
citée par Jacques Cros
(lien) "Casse toi, pov’rom !"

Nous aurions aimé voir nommer des préfets humanistes, sachant s’entourer de gens de culture et d’expérience, de professionnels de l’enseignement, de travailleurs sociaux, d’experts en sciences humaines, de policiers attentifs autant au respect de la loi qu’à celui des personnes, de spécialistes de la jeunesse délinquante, les uns et les autres soucieux de paix sociale.

Je parle de nous qui voulions aider certaines populations injustement traitées par des institutions hostiles et une opinion mal informée. Nous voici détrompés. Dans une proclamation tonitruante du 21 juillet 2010 le Chef de l’Etat annonce la nomination de deux préfets à poigne, tous deux grands policiers, avec la mission précise de chasser les Roms de leurs campements illicites. La solution était évidente. La délinquance est apparue dans notre pays avec l’arrivée récente de ces populations, Roumains persécutés dans leur pays, ou anciens Yougoslaves devenus apatrides. Ils ne peuvent être expulsés, les uns parce qu’ils sont communautaires européens, les autre parce qu’apatrides.

Depuis qu’ils sont parmi nous, les crimes et délits prolifèrent. On citera la corruption qui règne dans les sphères gouvernementales, les fraudes fiscales, les abus de biens sociaux, les évasions de capitaux, les délits d’initiés, et plus généralement toutes ces malversations qui épuisent les ressources du pays. Le Président a raison de les dénoncer à la vindicte publique.

Le remède devient évident. Il faut les chasser de camp en camp, de bidonville en bidonville. Oui mais jusqu’où ? C’est là que se posera la question d’une solution que d’autres ont appelée "finale". Encore un tout petit degré à franchir dans le tragique…

Cependant l’intégration de 15 000 roms dans un pays de 65 millions de citoyens généreux nous paraissait chose aisée, de même, à une échelle plus réduite, celle de 150 hommes et femmes dans une ville comme Béziers de 70 000 habitants accueillants, ne devait pas, pensions nous, poser de graves problèmes d’ordre public. Quelle erreur était la nôtre ! Le Président nous montre la voie : "Casse toi pov’Rom" !
Béziers le 22 juillet 2010. Georges Apap, ancien procureur de la République.

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Ainsi qu'un texte poétique évoquant les roms que nous avons tous connus autrefois mais auquel je ne souscris pas car il exhale un zeste de condescendance bon enfant typique de ce qu'ils pouvaient subir a minima de la part de populations relativement bienveillantes, intéressant pour cela -en italiques, les passages en cause- et en raturé, mon analyse.

"Les Caraques" commentaire de texte, ce que disent les mots

Note: à la première lecture, cela ne m'était pas apparu ! des propos certes un peu complaisants, typiques de ce que l'on peut entendre d'un intellectuel humaniste ayant voulu faire rapidement un papier, soulignons le, qui suit sa prise de position contre les expulsions ! C'est bien ce qui lui confère sa portée. (En raturé, mes commentaires.)

"Clé, comme toutes les communes du Midi, connaissait les gitans. Le mot que l’on employait pour les désigner était "Caraques". Certains d’entre eux, il me semble que c’était le cas des Stambul, avaient même une maison dans le village. Dans tout le texte, lorsqu'il s'agit des roms, c'est : "il me semble"..."peut-être" etc... "Ils avaient même une maison" : cela a l'air de supposer qu'il s'agit d'une incongruité. Rien de grave jusque là.

Dans la rue du Moulin habitaient un frère et une sœur qui devaient s’appeler Maurel. Lui parti, elle a continué à survivre là de manière misérable, sans aucun confort. Elle ne devait avoir ni eau ni électricité et sans doute pas de revenu. Cette maison, appelée la maison de la gitane, a été récemment démolie de même qu’une remise voisine qui appartenait à Pierre Borie. Ainsi a été créée une petite place, baptisée la Place des platanes, que l'on a conservés.
Il n'y a là aucune compassion pour la pauvreté extrême de "la gitane" dont on se saura pas précisément le nom. Juste des faits alignés. En revanche, lorsqu'il s'agit de non roms, c'est sans hésitation: "une remise qui appartenait à Pierre Borie". Pierre Borie, c'est "quelqu'un", la gitane, c'est juste une gitane, en somme.

Une autre personne du village, amie de ma mère, avait des antécédents chez les gens du voyage mais elle s’était mariée et sédentarisée. Elle savait réparer les poussettes et on la désignait sous le nom de La Poussetièra.. Le terme judiciaire d'"antécédents", surtout suivi de "mais", comme si le "délit" avait été atténué, est révélateur. Et si "Pierre Borie" sonne clair et net, pour ce qui est de celle "qui a des antécédents", c'est "on la désignait" suivi d'un surnom, un peu ridicule, comme souvent le sont ceux qui sont attribués aux roms.

Quelles étaient les activités des gitans ? Vanniers sans doute, commerçants aussi. On voyait surtout des femmes qui proposaient du fil, des aiguilles, du tissu, des fioles contenant un produit permettant de fabriquer du pastis. Quelques-uns achetaient et vendaient des chevaux. Il paraît même qu’ils savaient les maquiller... Certains, les Jolo je crois, s’étaient spécialisés dans le trafic des voitures. Là, c'est le mot arnaqueur qui s'inscrit en filigrane. Que les faits soient exacts ou inexacts importe peu; mais que le seul élément clair sur les roms dans tout ce texte soit justement celui-là pose question. Et si le nom du "trafiquant", ici encore, demeure flou ("les Jolo je crois") le "trafic", lui, est à l'indicatif, on est passé du conditionnel aux "faits avérés": si ce n'est un "Jolo", c'est alors un "Maurel" ou encore un "Stambul", mais enfin, un rom.

A cette époque il n’y avait pas d’aire d’accueil pour les forains vanniers (oui encore une expression pour les désigner) et ils stationnaient un peu partout, notamment à la sortie de Clé sur la route de Malines.
C’était encore le temps des roulottes tirées par des chevaux qui n’auraient pas remporté de prix à Longchamp ! Ils se nourrissaient comme ils pouvaient, broutant l’herbe des talus. Mon père avait raconté le tour imbécile, il aurait pu être dramatique, que les jeunes du village, lui-même y avait peut-être participé, avaient joué à des gitans qui avaient mis leur roulotte dans une terrain en pente : ils avaient enlevé les cales qui la maintenaient immobile ! La misère des roms est ici l'objet de plaisanterie cruelle... et quant au "tour imbécile" dont on ne saura rien des conséquences, c'est tout simplement une tentative d'assassinat, éludée de manière plaisante.

L’été il arrivait que s’installait sous le pont qui enjambe la Cèze toute une tribu. Les enfants étaient dépenaillés, les femmes vêtues de noir, les hommes pas très présents… C’était un spectacle car nous étions au contact direct depuis le pont avec eux et leur intimité. J’ai le souvenir précis d’une corneille ou d’un corbeau qui avait été élevée par ces gens et qui circulait librement parmi eux sans chercher à fuir. Là, c'est carrément un "spectacle" que les roms offrent malgré eux à des gamins qui matent des hommes (et surtout des femmes puisque les hommes sont "peu présents") contraints de dévoiler leur intimité, même si l'histoire de la corneille vient enjoliver l'anecdote. "Ces gens" renforce le fossé dont tout le texte est empreint entre "on", "nous" et "eux": des "gens" certes sympathiques (la corneille) et distrayants que l'on peut "venir voir" les jours d'ennui . Le mot qui convient est mater, et il y a gros à parier que ce n'était pas la corneille qui intéressait le plus des ado dans l'histoire.

Des gens peu intégrés, vivant d’une manière marginale et comme tels un peu inquiétants ! C’est du moins l’image que j’en avais mais à la réflexion c’était d’abord une population considérée comme au bas de l’échelle sociale. Et d’ailleurs un ouvrier agricole posait cette question à ses enfants en parlant de ses patrons qui lui procuraient emploi et revenu : "Qu’est-ce que nous serions si ce n’étaient pas eux ?" A quoi les enfants devaient répondre " Des Caraques !" Notons ici le "à la réflexion" comme s'il avait fallu une réflexion pour percevoir l'évidence. Apparemment tardive. Précisons que c'est un intellectuel humaniste écolo qui écrit.

On les considérait comme chapardeurs, ce qui n’était sans doute pas tout à fait inexact. D’ailleurs un des Stambul, assez copain avec mon père, lui avait livré cette phrase qui avait valeur de quasi aveu : "Nous ne volons rien à personne mais le premier fruit est pour nous !" On glisse ici du "on dit" à une salve de  circonlocutions souvent en double négation : "pas tout à fait inexact", "presque" preuve, "quasi" aveu, (interprétation d'une phrase banale qui ne signifie nullement la reconnaissance de quoique ce soit). De même le "assez" copain est révélateur : "copain", non bien sûr, mais juste "assez". 
 


Maintenant, transposons le texte...
avec le mot juif et les épithètes à leur encontre

"Clé, comme toutes les communes du Midi, connaissait les juifs errants. Le mot que l’on employait pour les désigner était "youpins". Certains d’entre eux, il me semble que c’était le cas des Stambul, avaient même une maison dans le village. Dans la rue du Moulin habitaient un frère et une sœur qui devaient s’appeler Levy. Lui parti, elle a continué à survivre là de manière misérable, sans aucun confort. Elle ne devait avoir ni eau ni électricité et sans doute pas de revenu. Cette maison, appelée la maison de la juive, a été récemment démolie de même qu’une remise voisine qui appartenait à Pierre Borie. Ainsi a été créée une petite place, baptisée la Place des platanes, que l'on a conservés.

Une autre personne du village, amie de ma mère, avait des antécédents chez les hébreux mais elle s’était mariée et sédentarisée. Elle savait réparer les poussettes et on la désignait sous le nom de La Poussetièra.. Quelles étaient les activités des juifs ? Vanniers sans doute, commerçants aussi. On voyait surtout des femmes qui proposaient du fil, des aiguilles, du tissu, des fioles contenant un produit permettant de fabriquer du pastis. Quelques-uns achetaient et vendaient des chevaux. Il paraît même qu’ils savaient les maquiller. Certains, les Jolo je crois, s’étaient spécialisés dans le trafic des voitures.

A cette époque il n’y avait pas d’aire d’accueil pour les forains israélites (oui encore une expression pour les désigner) et ils stationnaient un peu partout, notamment à la sortie de Clé sur la route de Malines. C’était encore le temps des roulottes tirées par des chevaux qui n’auraient pas remporté de prix à Longchamp ! Ils se nourrissaient comme ils pouvaient, broutant l’herbe des talus. Mon père avait raconté le tour imbécile, il aurait pu être dramatique, que les jeunes du village, lui-même y avait peut-être participé, avaient joué à des juifs qui avaient mis leur roulotte dans une terrain en pente : ils avaient enlevé les cales qui la maintenaient immobile !

L’été il arrivait que s’installait sous le pont qui enjambe la Cèze toute une tribu. Les enfants étaient dépenaillés, les femmes vêtues de noir, les hommes pas très présents… C’était un spectacle car nous étions au contact direct depuis le pont avec eux et leur intimité. J’ai le souvenir précis d’une corneille ou d’un corbeau qui avait été élevée par ces gens et qui circulait librement parmi eux sans chercher à fuir. Des gens peu intégrés, vivant d’une manière marginale et comme tels un peu inquiétants ! On les considérait comme chapardeurs, ce qui n’était sans doute pas tout à fait inexact. D’ailleurs un des Stambul, assez copain avec mon père, lui avait livré cette phrase qui avait valeur de quasi aveu : "Nous ne volons rien à personne mais le premier fruit est pour nous !"


Impressionnant, isn'it ? Le MRAP et la LICRA, suivis par la LDH attaqueraient aussitôt. Antisémitisme. Le mot "antiromisme" n'existe même pas.  
Note : ces propos sur les juifs qui semblent controuvés étaient réellement tenus à l'encontre de ceux d'Espagne et d'Angleterre fuyant les pogroms du 15ème siècle*. "Sales, pouilleux, voleurs, avec de trop nombreux enfants, vivant de trafics ou de charité sociale..." Quelque temps après, intégrés, on leur reprocha de s'être accaparés les meilleurs places, spoliant les "vrais" autochtones etc... ("Histoire de l'antisémitisme"  Léon Poliakov)
* Accueillis pourtant avec bienveillance par le roi Casimir III désireux de relancer l'économie du pays, tout comme Sigismond 1er de Bohême peu avant accueillit les roms, autre similitude.

    <----- Le juif errant, cordonnier dans le mythe



Casimir III Jagellan, (1437/1492) de Pologne et Sigismond 1er de Bohême, (1370/1437)  accueillirent les juifs et les roms, pour relancer l'économie et pour leur savoir faire  utile aux armées, ce qui n'empêcha pas un certain racisme, moindre toutefois qu'en Angleterre, Espagne, Portugal... du moins tant qu'ils furent utiles. 

Lettre de protection de Sigismond 1er de Bohême en faveur des roms
"Nous, Sigismond, roi hongrois, tchèque (c'est à dire la Bohême) dalmatien, croate... notre Ladislav, seigneur fidèle, chef de son peuple tsigane, nous a demandé humblement de solliciter notre indulgence exceptionnelle. Nous vous prions donc de bien vouloir tenir compte de cette supplique et de ne pas refuser cette lettre. Si Ladislav mentionné plus-haut et ses gens apparaissent à un quelconque endroit de notre empire, en ville ou à la campagne, vous êtes prié de lui faire preuve de la même fidélité que vous avez à notre égard. Protégez-les pour que Ladislav et son peuple puissent séjourner sans préjudice entre vos murs. S'il y a parmi eux un ivrogne ou un bagarreur, nous ordonnons que Ladislav soit seul à avoir le droit de juger, de punir, de pardonner, et de l'exclure..." Yvon Massardier, cité par "Beaujarret" (lien)


Ce qu'on voyait autrefois

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Excellent article dans "La Marseillaise" d'Isabelle Jouve ce jour le 20 août appelant pour samedi 4 septembre à partir de 17 heures devant le théâtre à un "cercle du silence"... article dont je ressors cette citation de Bernard Deschamps (lien) -association des anciens appelés en Algérie contre la guerre-. 




"Les déclarations du Président et les décisions de son gouvernement sont contraires aux principes de la république issus de la révolution de 1789 qui ne reconnaissent que des citoyens et non des ethnies. 


Ce sont des populations entières qui sont jetées en pâture et contre lesquelles des dispositions sont prises pour restreindre les libertés individuelles. L'état français, par son comportement... ouvre la voie aux pires débordements et justifie par avance les actes de violence dont cette population pourrait être victime..."
Y a-t-il un avocat dans la salle ? Question pour Ralph Blindauer : tout ceci est-il très "légal" ? Ca sent un peu le Vichy,  isn't it?                   
 Un concept : Sarkopet    ---------------->

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Vichy - Pas Vichy ?
Gosselent, (lien) "Le monde diplomatique"
"Peut-on comparer l’attitude actuelle de la France à l’égard des Roms à celle de Vichy à l’égard des Juifs? Non, car tant qu’il n’y aura pas menace de mort et mort effective, c'est sans commune mesure. Oui car eût égard à ce que nous savons de la notion de génocide aujourd’hui -que le monde de Vichy ignorait- nous devons être tout particulièrement vigilants quant aux droits de gens dont des parents ont été victimes d’un génocide -et qui peuvent donc l'être à nouveau-. Quand on essaye d’imaginer ce qui se passerait si un pays d’Europe avait cette attitude à l’égard de sa population juive, on comprend immédiatement en quoi l’attitude française est inacceptable. Une telle attitude contre les Juifs est tout simplement impensable, inimaginable partout dans le monde, même en Iran, en Corée du Nord, au Soudan...
Apparemment, avec les Roms, ça n’est pas pareil, c’est un génocide certes, mais ça ne donne pas d’obligation morale à protéger spécifiquement les droits des victimes ou de leurs descendants. La France -qui a reconnu le génocide arménien- vient d’inventer une catégorie, le sous-génocide, le génocide qui n'impose aucune obligation morale, dont on n'a pas à tenir compte..."

"Mon père à eu des très bons amis d’enfance Roms et il nous a prénommés mon frère et moi avec les prénoms de ces deux amis. Il y a deux points que je trouve important de souligner à propos des Roms et de leur culture. La société Rom est très orientée vers la transmission de divers savoir-faire, d’individu à individu. Compte-tenu -cause et conséquence- de leur itinérance -voulue et subie- les Roms ont eu peu accès à l’école mais ils ont su transmettre des savoir-faire -notamment artisanaux et artistiques mais aussi médicinaux- de générations en générations.

De ce point de vue, leur approche de la connaissance est similaire à celle de ceux qu’on appelle Peuples Premiers (Autochtones, Aborigènes, Premières Nations). La pédagogie est indissociable des structures de base de la société, notamment la famille.

Et pour ce qui est justement du lien entre les Roms et un territoire originel, il convient de noter que les Roms ont suivi, des siècles plus tard, le trajet des Indo-Européens. De ce point de vue, leur périple est absolument remarquable ethnologiquement, puisqu’ils ne savaient rien des Indo-Européens et n’avaient pas non plus conscience de faire un périple, ils changeaient simplement souvent d’endroit, et ces changements ont constitué un périple seulement après plusieurs générations. Pour les individus, ce périple était invisible, et inconscient. C’est tout à fait remarquable que les Roms aient reconstruit ce périple sans le savoir et qu’ils aient été les seuls à le faire.

Excusez le parallèle entomologique mais cela me fait penser au périple des papillons Monarque en Amérique du Nord qui font une migration qui leur prend plusieurs générations. Personne n’a à ce jour découvert comment ils pouvaient refaire le trajet de leurs parents sans l’avoir appris d’autres individus."

Note de moi : lorsqu'on lit un article de journal ou qu'on entend un discours à leur sujet, remplacez toujours mentalement le mot "rom" par le mot "juif" et vous verrez tout de suite l'effet que ça fait... merci à Roland Matteoli (lien) de "datzibaoued" qui m'en a fait prendre conscience ! Je ne trouvais rien de grave à voir écrit dans les feuilles de chou régionales ou nationales "le gendarme qui a tué un gitan" etc... Oui, c'était bien le cas, non? Et lorsque j'ai remplacé le mot "gitan" par le mot "juif"... Ca change tout ! Honte à moi.
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Résumé, étymologie et histoire
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''Tous les préjugés mènent aux Roms''
Hervé Favre, La Voix du Nord
मनुर् भव जनया दैव्यं जनम्
Deviens l'Homme, pour créer la race divine.

Les Roms ou Doms (hommes en hindi) partirent du Sind actuel (ce sont des sinti) et du nord du Pendjab vers l'an 900 en deux vagues dont la seconde 3 siècles après. Sans doute des ''intouchables'' et des artistes musiciens renommés, car les professions des hors-castes particulièrement méprisés [bouchers, équarrisseurs, fossoyeurs..] comprenaient aussi les ''saltimbanques'' c'est à dire des artistes...et des militaires. Chassés ou au contraire envoyés en ''ambassade'' à la cour de Perse, ils parlaient le sanskrit et l'hindi-ourdou et le parlent toujours : c'est le ''romani'' leur langue actuelle qui comporte cependant des emprunts aux divers pays où ils se sont établis au point que certains l'ont oubliée (et elle fut parfois interdite) et que se sont créés des idiomes comme le ''calo'', mélange de romani et de vieil espagnol, tout comme pour les juifs le ladino que parlent les séfarades, mixte d'hébreu et d'espagnol, ou le yiddish des ashkénazes, tiré de l'allemand ancien et aussi de l'hébreu..

Romanichels ou ''romani tschel'' (tschel=tribu) signifie simplement ''tribu d'hommes'' en romani Manouches, de ''manusha'' qui veut aussi dire homme en sanskrit.

Gitans (gypsies en anglais) vient d'Égypte, mais en grec ''gyps'' signifie recycleur, équarrisseur et ''gyftos'' ferronnier, ferrailleur... ainsi qu'une montagne. L'ethnonyme ''gitan'' désigne les roms ayant migré vers le sud, Espagne, Midi etc... (Gitanos) par opposition à ''Tsigane'' et il est peu utilisé par les Roms qui le considère comme péjoratif, tout comme ''tzigane'' -au 18ème, il fut remplacé par égyptiens.

Tsiganes. Désigne les Roms du nord et occidentaux, le terme, issu de Zingares (du sanskrit ''Sinti'') ou ''harijana'' (intouchable en sanskrit également)... [en grec ''astiganos'' qui est peut-être le dérivé de ''harijana'' désignait une secte ''qui ne touchait personne'' mais peut-être aussi ''que personne ne pouvait toucher'']... mais l'ethnonyme pourrait aussi venir de ''sagaie'', arme de jet qu'ils fabriquaient... et utilisaient ; il a donné ''Zigeuner'' en allemand, ''Cigány'' en hongrois, ''Zingaro'' en italien... et, utilisé lors de l’esclavage des Rom, dans les pays slaves, il est synonyme d'esclave donc péjoratif également -moins en occident-... Il fut celui des nazis: les Tsiganes préfèrent le S au Z, qui était tatoué sur eux par les SS dans les camps de la mort pour ''Zigeuner'' -et qui n'existe pas dans l'alphabet sanskrit-.

Les Yéniches, un trait d'union avec le peuple juif ?

Comme tous les peuples "diasporés", les roms sont parfois  de culture différente et du coup, divisés: tsiganes ou manouches allemands, gitans espagnols ou méridionaux, roms roumains soi disant "acculturés" etc... Restent à présent les yéniches. C'est une communauté mystérieuse de 300 000 personnes vivant surtout en Alsace -la plus importante parmi les roms- souvent vanniers, chaudronniers ou ferrailleurs, sans doute issus d'origines différentes, de type européen du nord, parlant plusieurs langues dont l'une est proche du yiddish et portant des patronymes identiques à ceux des juifs... qui se définit parfois comme celte -un de leurs langages est proche du gaulois en effet-, rom, ou juif antiques, mais d'autres fois s'en démarque -par opportunisme?- et... vice versa. 
 
Il est probable et à présent attesté que leurs origines sont diverses : un groupe provient de paysans suisses et allemands survivants de la jacquerie du 16ème siècle dite la révolte des "rustauds" qui coûta la vie à un tiers -100 000- d'entre eux, et sans doute de soldats germains rescapés de la guerre de trente ans ayant fui la boucherie qui se seraient reliés. Cependant les nazis qui ne les considéraient ni comme roms ni comme juifs, les massacrèrent tout de même comme "asociaux". Leur vie est extrêmement précaire si bien qu'on a pu dire d'eux qu'ils étaient les roms des roms. Parmi eux, des familles d'exclus vivent dans des bidonvilles-décharges avec de très nombreux enfants, repliés sur eux-mêmes et -cause ou conséquence, sans doute les deux- parfois, l'alcoolisme aidant, délinquants... Il ont aussi de grands musiciens dont les compositions rappellent celles des juifs de l'Est.

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 Migration supposée du peuple juif, parallèle à celle des roms


Juifs, kurdes et gitans, des liens antiques ?


Chassés et errants, furent-ils en contact avec les juifs identiquement sur les routes ? Est-ce ainsi que se créa cette communauté qui incontestablement puise ses traditions dans les deux cultures? De même les kurdes de Turquie -musulmans!- souvent reliés aux roms, portent parfois traditionnellement autour du cou... la croix de Camargue ! qui ne peut provenir que d'ancêtres "gitans" catholiques issus du Midi de la France.


L'éducation nationale en cause

Note de moi : l'exclusion totale entraîne parfois des mariages entre membres de groupes restreints, ce qui n'est pas bon génétiquement, voir les rois de France -ou d'ailleurs.- Et même dans des cas -rares- où on tente de les inclure, il arrive qu'ils le refusent par orgueil ou méfiance -et on peut les comprendre lorsque l'on voit ce que ces "tentatives" parfois cachaient. Ainsi, dans un lycée de Créteil où ils avaient établi un camp -sur une pelouse, ce qui ne gênait personne- lorsque, avec une collègue, nous étions venus leur proposer d'inscrire leurs jeunes qui erraient souvent sur le site -ils se servaient simplement des toilettes et de l'eau- la chef du clan, une femme -très pieuse- avec laquelle nous avions bavardé autour d'un thé, refusa fortement car nous dit-elle, elle tenait à ce qu'ils soient "bien élevés" et n'avait pas trop confiance en l'éducation nationale, préférant se charger elle-même avec ses brus de leur éducation, strictement familiale. Elle redoutait plus que tout qu'un de ses nombreux petits-fils (handicapé -trisomique-) ne lui soit retiré et placé en institution, la famille lui paraissant le seul rempart contre l'exclusion de ceux qui sont hors norme... et n'avait peut-être pas tort. [Une solution serait les camions-écoles dont l'expérience a été tentée au départ par des instituions religieuses catholiques, avec succès... mais très sporadiques.]
 
Même notre arrivée -sans rendez-vous- dans le "camp" avait été arrêtée par deux jeunes costauds surgis devant la "porte" tels des hallebardiers en faction -le camp était établi de manière circulaire avec un accès et un seul- qui nous avaient demandé d'attendre, puis escortés chez la chef, leur grand-mère. Ce n'est qu'après son aval qu'ensuite nous pûmes circuler librement. Elle s'en excusa, ils étaient obligés car ils avaient peur des agressions. 

Voir à ce sujet l'excellente vidéo de John-Paul Lepers (lien) : "Qui a peur des gitans?" 

[Dans les Balkans, cf Le courrier des Balkans (lien) -plus encore qu'ailleurs- la discrimination envers les enfants roms à l'école est quasi institutionnalisée.]

Les roms, comme les juifs, peuple lui aussi "errant", portent souvent des noms de villes ou de pays, sans doute indiquant leur origine : France, Lisbona, Stambouli, Maurel etc... et la culture juive a quelques traits communs avec la leur, le syncrétisme en plus -chez les roms-.

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Des articles de journaux
Libération

"Quelques 300 000 Tsiganes (Sintis et Roms) vivent en Allemagne en 1933. (lien). Ils ont la nationalité allemande. Nombre d’entre-eux ont combattu pendant la première guerre mondiale et s’engagent en faveur de la démocratie sous la république de Weimar. La « prise de pouvoir » par les nationaux-socialistes signifie pour eux le début d’un temps où ils sont privés de leurs droits et persécutés pour des raisons racistes, et qui se termine par un génocide." Vous aurez noté le "privé de leurs droits" je suppose. Ça commence toujours de la même façon en effet, hélas, comme le note un autre site qui parle juste lui aussi : "Il faut garder en mémoire les paroles d’une rescapée des camps de la mort, citée par Claire Auzias, à propos de l’extermination des Roms en Allemagne : “Tout d’abord ils sont déclarés asociaux, ensuite on les met dans un camp de concentration, enfin on les extermine.

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La Libre-Belgique

Les Roms sont confrontés à une forme de discrimination inédite en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale. Hommes, femmes et enfants sont expulsés dans plusieurs démocraties sous prétexte qu’ils constitueraient un risque pour l’ordre public. (George Soros dirigeant le Fond de gestion Soros.)
Les Roms sont persécutés partout en Europe depuis des siècles : évictions et expulsions collectives dans plusieurs démocraties européennes d’hommes, de femmes et d’enfants sous le prétexte qu’ils constitueraient un risque pour l’ordre public.
Récemment, la France a initié les procédures d’expulsion de tous les Roms non français, les considérant comme un groupe criminel, sans qu’aucune procédure juridique n’ait permis de déterminer si ces individus ont commis un quelconque crime ou s’ils représentent un risque à l’ordre public. Les agissements de la France font suite à ceux de l'Italie et de son "programme de sécurité" de 2008, qui avait qualifié les soi-disant "nomades" de menace à la sécurité nationale et avait donc imposé un recours législatif d’urgence visant à l’expulsion des Roms non italiens.
[...] l’expulsion de citoyens de l’Union européenne sur la base de leur origine ethnique sous couvert d’une quelconque activité criminelle est en totale violation des directives européennes sur la discrimination raciale et du droit à la libre circulation entre les Etats de l’UE.
Il est en effet un principe légal établi que le crime doit être prononcé par la détermination de la culpabilité d’un individu devant une cour de justice. De plus, les criminels condamnés ne sont pas habituellement expulsés s’ils sont citoyens d’un autre Etat de l’UE. Ce que la loi européenne prévoit en revanche est que la décision d’expulsion soit prononcée au cas par cas, et jugée nécessaire proportionnellement au crime commis. Cette décision doit en outre prendre en considération certains autres éléments (comme la force des liens que l’individu entretient avec la communauté).
[.... ] Depuis la Seconde Guerre mondiale, les européens ont toujours considéré inacceptable de soumettre un groupe, quel qu’il soit, à un châtiment collectif ou à une expulsion de masse sur la base de l’origine ethnique de ses membres; le fait donc de considérer les Roms de façon collective, au mépris des droits fondamentaux au nom de la sécurité, constitue un précédent inquiétant.
[... ] En réponse à la position de la France, le gouvernement suédois a aussi appelé à une action concertée de l’UE pour encourager la réinsertion des Roms.
Les Roms veulent et peuvent s’intégrer pour peu que l’opportunité leur soit offerte [....] C’est parce qu’ils sont confrontés à une discrimination et à des privations scandaleuses chez eux qu’ils continuent de migrer un peu partout en Europe. L’UE doit admettre que la nature pan-européenne de ce problème exige une stratégie globale et efficace pour favoriser la réinsertion des Roms.
La responsabilité élémentaire de sauvegarde des droits et du bien-être de tous les citoyens est du ressort des Etats membres de l’UE. Les politiques et les programmes pour permettre la réinsertion à l’emploi, à l’éducation, à la santé et au logement doivent être mis en œuvre aux niveaux local et national. Mais l’UE a un rôle déterminant pour motiver, coordonner, contribuer financièrement et contrôler de tels efforts dans le cadre d’un plan d’envergure européenne.
En 2009, l’UE a [...] a donné son aval pour que des fonds structurels soient utilisés pour répondre aux problèmes de logement en faveur des communautés marginalisées, et en particulier des Roms. C’est un premier pas mais [...] cela devrait être étendu à l’éducation, à la santé et à l’emploi. [... ] à l’éducation dès la petite enfance, plutôt qu’uniquement dans le cadre de la formation professionnelle.
La pauvreté structurelle dont sont affligées les communautés Roms est intimement liée au manque d’instruction et au chômage. Les initiatives Europe 2020 de la Commission établissent des objectifs spécifiques pour élever le taux de réussite scolaire et les niveaux d’emploi pour tous les citoyens de l’UE. Les Roms sont tellement à la traîne dans ces deux domaines par rapport à leurs concitoyens que les objectifs visant à réduire ces écarts devraient être totalement intégrés au plan Europe 2020.
Le fossé le plus important entre les Roms et le reste de la population n’est ni culturel ni lié à leur mode de vie - comme les médias voudraient nous le faire croire - mais est bien un problème de pauvreté et d’inégalité. [....] Les logements ségrégatifs sont une barrière à l’intégration et ne génèrent que préjudices et échecs [.... ] [ce sont] d’énormes bidonvilles et implantations dépourvus de réseau sanitaire et des conditions élémentaires essentielles à une vie digne. La détresse de tant de millions de Roms au XXIe siècle constitue une caricature des valeurs européennes et entache la conscience de l’Europe.
La détresse des Roms n’est pas... un problème de sécurité à court terme qui peut être résolu par des mesures draconiennes visant à déplacer les personnes d’un pays à un autre. Cette situation fragilise les valeurs européennes et les principes du droit [...]
Les Roms d’Europe constituent la plus importante minorité ethnique de ce territoire, et le segment de population le plus jeune, avec la plus rapide croissance démographique. [....] L’Europe ne peut pas se permettre une autre génération perdue. C’est une question de droits humains et de valeurs essentielles, et une question cruciale pour la paix et la cohésion des sociétés à travers l’Europe.
Traduit de l’anglais par Frédérique Destribats
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La France vue à l'étranger: 

La jornada
(Mexique) :
1er septembre 2010, article cité par Marianne (lien) sur le
 
L’holocauste des Roms, hier et aujourd’hui

1496 : essor de la pensée humaniste. Les Roms allemands sont déclarés traîtres aux pays chrétiens, espions pour les turcs, porteurs de la peste, sorciers, bandits et voleurs d’enfants.
1710 : siècle des Lumières. Un édit envoie à la potence, sans autre forme de procès, tous les Roms adultes de Prague. Jeunes et femmes sont mutilés. En Bohème, on leur coupe l’oreille gauche. En Moravie, l’oreille droite.
1899 : apogée de la modernité et du progrès. La police de Bavière crée une section spéciale des questions Roms. En 1929, cette section est transférée à Munich puis en 1937, à Berlin. 4 ans après, un demi-million de Roms meurent dans les camps d’Europe centrale et de l’Est.
Taxés de criminels invétérés, arrêtés massivement, dès 1938, ils sont incarcérés dans des blocs spéciaux de Buchenwald, Mauthausen, Gusen, Dautmergen, Natzweiler et Flossenburg. A Ravensbruck, Himmler crée un espace pour sacrifier les femmes roms soumises à des expérimentations médicales. 120 fillettes sont stérilisées... Des milliers d’autres Roms sont déportés de Belgique, Hollande et France vers Auschwitz, parfois des quasi-centenaires, des femmes enceintes et un grand nombre d’enfants.
Aucun des 5000 Roms du ghetto de Lodz (Pologne) […] ne survécut.
En Yougoslavie, Roms et juifs étaient exécutés pareillement dans le bois de Jajnice. Les paysans se rappellent encore les cris des petits Roms conduits sur les lieux d’exécution.
Dans les camps, seul leur amour pour la musique leur servit parfois de consolation. À Auschwitz, affamés et pouilleux, ils se réunissaient pour jouer et encourageaient les enfants à danser. Mais le courage des guérilleros Roms de la résistance polonaise dans la région de Nieswiez resta légendaire. La musique fut un facteur qui maintint leur unité et les aida à survivre, tout comme la religion le fut chez les chrétiens, les juifs et les musulmans.
Leur génocide ne fut pris en considération ni à Nuremberg ni après. Le gouvernement d'Adenauer déclara que leur extermination avant 1943 avait obéi à "des politiques d’État légales" (!) si bien que les victimes d’avant cette date ne reçurent aucune indemnisation. Robert Ritter, l'expert nazi en extermination des Roms, fut libéré. Ce n’est qu’en 1982, 39 ans après, qu’il fut admis que les victimes avaient droit à des indemnisations - la majorité était morte-.
Plus des trois quarts des Roms, 12 à 14 millions, vivent en Europe centrale et de l’Est. La Yougoslavie socialiste de Tito fut la seule à reconnaître aux Roms les mêmes droits qu’aux minorités croates, albanaises et macédoniennes.

La déportation massive de Roms vers la Roumanie et la Bulgarie ordonnée par Sarkozy où ils se trouvent deux millions -la Roumanie, pays allié des USA et membre de l’OTAN dont le président, Traian Basescu, a qualifié une journaliste de ''sale tsigane''- est particulièrement perverse : la mortalité néonatale des Roms y est 9 fois plus élevée que la moyenne européenne, et leur espérance de vie dépasse à peine 50 ans.
130 manifestations devaient se dérouler en France et devant les ambassades françaises de plusieurs pays avec le soutien d’organisations des droits humains, de syndicats, de partis de gauche, d’écolo... Selon Ricardo Martinez de Rituerto -elpais.com- le Parlement européen a cloué hier au pilori la France et Nicolas Sarkozy qui expulse -déporte- des centaines de citoyens européens au motif de leur nature prétendument "criminelle". On a du mal à croire qu’en 2010, après le terrible passé de l’Europe en matière de racisme et d’intolérance, qu’une ethnie entière puisse encore être ainsi criminalisée et signalée en bloc comme un problème social.  

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L'union romani d'Espagne à présent, citée par Maryvonne Leray, cyber résistante, (lien) du "Cri du peuple".



Références:
Claire Auzias, Marcel Courtiade, "Samudaripen"
Jean-Pierre Dacheux, Petre et Sylviu Petcut, Elizabeth Clanet, Samir Mile, Tatiana Sarbu, Alain Reyniers, Virgil Ciomos (Institut d'études tsiganes, N 29)  
Jean-François Berger, Bernath Gabor, Andras Biro -dissident hongrois-, "Onze siècles d'oppression"
Tony Gatlif, "Le génocide oublié"
Yan Hancock, "Nous sommes des roms"
Kusturica, "Le temps des gitans" (film)
Mattéo Maximof, "Le prix de la liberté" (sur les netocis)
Miguel Haler, ''La route des gitans'' (roman)
Rajko Djurik, (poèmes)
Marcel Courtiade, professeur à la Sorbonne, "Les roms"
Jean-Marc Turine, "Le crime d'être rom"
Régis Blanchet, "Les roms, un peuple mémoire" 
Léon Poliakov, "Histoire de l'antisémitisme" (1)
Albert Londres, "Le juif errant"
Hélène Larrivé, "Noces kurdes" (2)
Gérard Huet, romanologue, auteur de dictionnaires sanskrit-français
Yvon Massardier, romanologue, auteur d'un dictionnaire romani-français
Nadine Stchoupak, romanologue rom, auteur d'un dictionnaire sanskrit-français (3)
Jacques Leclerc, linguiste http://ricetrac2.blogspot.com
Henriette Asseo, "Les tziganes, une destinée européenne"
Yeta Lomka, Awina Borghese, Bartoch, musiciens, auteurs de la musique du film cité préc.
Pierre Derlon, "Tradition occultes des tsiganes"
Yan Yoors, "Sur la route avec les roms Lovaras" 
Roberto Lorier "Pâni et le peuple sans frontières" (4)
Alain Berto, anthropologue -université Paris 8-
Rosa Raidic, Zlato Levak, déportés 
Lydia Chagoll "Tsiganes sous la croix gammée"
Michel Collon, Baptiste Cogitore

(1) Non directement relié au roms si ce n'est parce que les reproches faits aux juifs réfugiés en Pologne étaient à peu près les mêmes que ceux que l'on fait aux roms actuellement. 
(2) Texte de moindre importance pour la question si ce n'est que le héros kurde, à la fin du roman, "avoue" à la narratrice qu'il est en fait à "demi gitan". http://larrive.info/Noces-kurdes.html
 (3)  Nadine Stchoupak, 1886/1941, sanskritologue russe exilée à Paris en 1904, condisciple d'Albert Mathiez, résistante -son mari mourut en déportation-. 
(4) Romancier et historien rom qui a commencé une saga de son peuple dont ce livre (lien) est le premier volet.. 

Remerciements à Anic Darnault (lien) pour son tableau "L'œil"
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une synthèse -avec certains points de détail divergents 
 
(''la voix des rroms'')

Les Rroms se subdivisent principalement en Rroms dits orientaux (85% du total); les Sintés (souvent appelés Manouches en France – 4%), les Kalés (ou Gitans – 10%); les Gypsies (ou Romanichals en Grande-Bretagne – 0,5%)... sans compter divers groupes de moindre importance numérique mais tout aussi Rroms que les autres Rroms. Au niveau européen, ils sont aujourd’hui sédentaires à 96%.
Le mot ‘Tsigane’ vient du grec Atsinganos (une secte qui a disparu au XIème siècle) existant bien avant l’arrivée des Rroms dans l'Empire byzantin et pratiquant une variante de la religion persane manichéenne, dont les fidèles refusaient le contact physique avec tous les autres d'où le terme Atsinganos (" non touchés ", mais ceci dans le sens inverse de la notion d'intouchable en Inde). Quand les Rroms arrivèrent à leur tour, venant d’Asie et gardant une certaine distance, les grecs les prirent pour un nouveau contingent. Ce mot de Tsigane n'a pas de définition réelle. Plusieurs groupes qui n'ont aucun rapport entre eux de par leur origine, leur culture, leur langue sont à l'occasion appelés Tsiganes par les populations environnantes, ignorantes et souvent racistes à leur égard. Ont pu être appelés Tsiganes les Irish Travellers (celtes), les Yéniches (germaniques), les Egyptiens des Balkans, les Rudar (ou Beás, roumains du sud de la Serbie).. Le 1er Congrès International des Rroms (Londres, 1971) a revendiqué notre droit légitime à être reconnu sous son véritable nom de ''Rrom''. On utilise parfois en France le terme "Rroms, Gitans et Manouches" pour spécifier les trois grandes branches de ce peuple.

Gens du voyage ? non

De leur arrivée en Moldavie et Valachie au XIV siècle jusqu'en 1856 les Rroms furent réduits en esclavage – donc largement sédentaires. A peine 4 % de la population globale des Rroms (environ 15 millions) est nomade. Ils ne l’ont jamais été par culture, mais par nécessité. Pendant des siècles, ils ont été chassés de pays en pays, presque partout en Europe, sous peine des pires sanctions, y compris la peine de mort… Dans l’Espagne du 16ème siècle, tout Rrom (Gitan, en ce pays) surpris en train de parler sa langue maternelle était puni de mutilation… ce qui explique que le rromani s'y transforma en '' Kaló '', un idiome  plus espagnol que rromani…

Repoussés systématiquement, les Rroms d’Europe occidentale ont dû développer des moyens de subsistance adaptés à ce genre de vie : travaux agricoles saisonniers, travaux de réparation notamment de chaudronnerie, vannerie, voyance, maquignonnage, petit commerce ambulant* compatible avec la mobilité, dont certains sont aujourd'hui très fiers et qui constitue un Droit de l'Homme reconnu et pour l'exercice duquel tous les Rroms se battent.
* Thèse un peu différente de celle précitée qui supposait qu'il s'agissait déjà de leurs professions avant le départ de l'Inde.
Le romani

C'est indiscutablement indienne et proche du hindi, langue de l’Inde. Son vocabulaire et sa grammaire de base sont indiens aux trois quarts. Le reste est constitué de vocabulaire emprunté principalement au persan, au grec et ensuite aux langues européennes de contact. Malgré sa prétendue diversité dialectale, le rromani est une seule et même langue et les Rroms de Russie, d’Albanie, de Grèce etc. peuvent très facilement communiquer entre eux en rromani – à la seule condition de ne pas l'avoir oublié… Ecrit depuis le début du 20ème siècle dans des alphabets différents selon les pays, le rromani dispose depuis 1990 d’une écriture commune laquelle permet notamment une meilleure diffusion de la littérature rrom. Dans certains pays, comme la Roumanie, il est enseigné à l’école et, en France, l’INALCO dispense une formation complète en langue et civilisation des Rroms.
La Roumanie

Le mot ''Rrom''vient du sanskrit ''omba'', qui signifiait "artiste, artisan, qui crée de son esprit, de ses mains". Certes, la Roumanie compte le nombre le plus important de Rroms – près de deux millions, mais c'est un hasard : tous les Rroms ne sont pas Roumains et tous les Roumains ne sont pas Rroms .

Les nazis, le samudaripen

Etaient considérés comme Rroms ceux qui avaient un seul arrière grand parent rrom.
(Note de moi: les nazis étaient apparemment plus ''exigeants'' envers les rroms qu'envers les juifs!)
Les Rroms en tant que peuple étaient condamnés à l’extermination, voir l’ordonnance d’Himmler de 1938 car quoique ''aryens'' ils étaient considérés par les nazis comme des parias, asociaux. Il ne faut pas oublier, au-delà des morts, tous les Rroms restés orphelins, veufs et veuves, stérilisés, traumatisés à vie dans leur corps et leur esprit par la folie nazie.
En 1997, le président des Etats-Unis Bill Clinton a choisi le professeur Ian Hancock, un intellectuel rrom, comme membre du U.S. Holocaust Memorial Council en tant que représentant du peuple rrom. Au cours des dix-sept ans d’existence de ce Conseil, c’était la deuxième fois seulement qu’un représentant rrom pouvait faire partie des 65 membres qui le composent. Lors du procès de Nuremberg qui jugea les criminels de guerre nazis, aucune déposition de Rrom ne fut entendue. Pourquoi ?????
Plus de 6 décennies après la libération des camps, la population rromani attend toujours que le monde reconnaisse son martyre sous le régime nazi. Jusqu’à nos jours, seules les victimes rroms de nationalité allemande ont reçu des ''réparations'' financières et sur le plan de l’histoire, presque rien n'est fait pour la reconnaissance du Samudaripen.

Roms célèbres


Django Reinhardt, Matéo Maximoff, Yul Brynner, Serge Poliakoff, Otto Müller, Camarón… 

Fête nationale

Le 8 avril est une vieille fête des Rroms de Transylvanie – le "jour des chevaux" … mais elle a pris une nouvelle dimension plus récemment et beaucoup de Rroms par le monde la célèbrent désormais comme la date du premier congrès mondial des Rroms en 1971. En France, ''La voix des Rroms'' a instauré cette tradition depuis 2005 et organise chaque année une Semaine de la culture rromani. En ce jour important pour le peuple rrom, une pensée va tout naturellement aux victimes du Samudaripen.

SI MAN JEKH SUNO . J'ai fait un rêve. 
Note : par ailleurs, ce site se démarque de l'association "Romeurope" que tous les rroms ont quittée. 
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Roms et délinquance, le point de vue d'un avocat  (lien)

Ne ratez pas l'article de Me Eolas (lien) qui s'est archivé tout seul et que je ne parviens pas à remettre en ligne normalement sur la prétendue délinquance des roms*, beaucoup plus souvent victimes qu'auteurs, ainsi que son estimation du coût de la reconduite à la frontière d'une personne :  20 970 euros ! Me Eolas (lien.)

* Cibles faciles qui n'iront pas se plaindre au commissariat et intenter un procès en DI... et si l'un disparait, on ne le cherchera pas trop... 

Ni le blog linguistique de Bruno Dewaele  (lien) -"La voix du Nord"- 

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Je termine par deux urgences, entre autres, absolues
http://sakineh2.blogspot.com

Image du Blog tziganes.centerblog.net


Et le Darfour, ici peint par des enfants rescapés.

Source : fac de droit "Mac Gill" de Montréal

 ou tziganes.centerblog.net
(Blog photo -relais de celui-ci qui dysfonctionne, voir en fin de blog la manière de pallier le pb-)



http://larrive.blogspot.com

 
Contact: helenelarrive@gmail.com (faire un copié-collé)


A en juger par le succès de ce blog -en une semaine voir en fin de blog- on peut tout de suite dire que Sarko a fait "plus qu'une faute, une erreur" (Talleyrand)... et une énorme. Ca fait chaud au cœur.
Propos de comptoir entendus hier à ce sujet par un gus très très remonté contre Sarko -donc "d'accord avec moi"-.. mais pas pour les mêmes raisons : "Mais c'est pas tout ça -il parle des Droits de l'homme-...

"mais le pire (!!), c'est que ça va nous coûter cher cette combine, parce qu'ils vont revenir et il va encore leur payer l'avion pour le retour, avec nos sous. Et nos retraites ?" Mesquin mais pas idiot. Il fallait y penser. Le coût estimé de la reconduite à la frontière d'une personne est de plus de 20 000 euros, voir l'article de maître Eolas  (lien) à ce sujet. 

Une observation : presque tout le monde -il est vrai que Saint-Ambroix n'est pas le monde mais nous allons voir un post à ce sujet dont l'auteur est un homme cultivé qui fait de même - confond systématiquement "rom" et roumain ; pas mal de gens assimilent roumain et délinquant... et par extension, délinquant et étranger! Non, roms ne signifie pas roumains -même si certains sont roumains comme les juifs peuvent être allemands, polonais ou français- ; non, les roumains ne sont pas particulièrement délinquants -même s'il en est parmi eux, parfois d'ailleurs de "faux" roumains- ; et non, les étrangers -à milieu social équivalent- ne sont pas plus délinquants que les français. A savoir, dire, répéter jusqu'à ce que ça rentre.
http://larrive.info
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Les commentaires

 
Yveline David
Merveilleux travail. Il faut absolument faire savoir tout ce que vous rapportez dans votre blog. Il faut que le monde sache... je ne parle pas des gouvernements qui eux.. savent fatalement. mais comment faire gronder l'histoire de ce peuple ignoré par la plupart. Faisons savoir et connaitre leur histoire... Partageons et transmettons. A bientôt.

Hélène Larrivé
Merci de tout cœur, du coup, j'ai rajouté le montage diapo. Etes-vous d'Aubenas ? Hélène

Lioubov Dormeur a dit…
Bonjour, Peut-être pourriez-vous transmettre au peuple Rom qu'un auteur français, vivant et très célèbre, est ému et défend leur cause depuis longtemps, grâce au talent de sa plume ? J'ai nommé, Gabriel Matzneff, un autre "métèque"...

Lioubov Dormeur a dit…
PS : Un autre lien ami de la cause, les penchants du roseau
Hélène Larrivé a dit… Merci beaucoup. Hélène
Gosse a dit…
Bonjour, Excellent blog historique, très documenté. Je suis stupéfait d'apprendre que le Génocide Roms n'a pas été reconnu au Procés de Nuremberg. C'est comme si on me disait que la Seconde Guerre Mondiale n'était pas formellement terminée. Je vous transmets un lien vers un confrère à vous qui a écrit un post très bien construit sur le génocide des Roms. Jack52, sur Marianne.
C'est le commentaire n°10 Bravo pour vos blogs. Gosselent
Je viens du site de "Marianne". Voici ma réponse à un monsieur pourtant cultivé mais dont le vocabulaire un peu court (?) lui fait écrire "voleur" à la place de "rom".
"Vous faites des erreurs de vocabulaire, Jack. Le génocide des roms, on dit "samudaripen" -la moitié d'entre eux a disparu gazée pendant la guerre- n'a pas été reconnu à Nuremberg... alors dire que "les persécutions bien réelles qu'ils ont subies ne les qualifient nullement pour enfreindre les lois de quelque pays que ce soit" est à tomber raide... De plus, ils sont expulsés -vous avez lu la circulaire- parce que roms, ce qui est exactement la définition du racisme.... [Cela, les expulsions] "se pratique partout à travers le monde -précisez-vous- de quel droit le refuse-t-on à la France?" Du droit que peut-être (?) "on" serait un peu "mieux" question droits de l'homme que des pays comme les Etats unis, la Chine ou la Corée du nord par exemple, mm ? ..."les Roms sont des citoyens européens et ne sont donc pas des étrangers..." et oui, c'est comme ça. Mais vous continuez par une interrogation douloureuse "devrait-on se refuser à punir des voleurs parce qu'ils appartiennent à une minorité jadis persécutée?" Là mon cher, vous décevez, "on pouvait dire, ô dieux, bien des choses en somme" (Cyrano de Bergerac) mais carrément le mot "voleur" qui surgit à la place de "rom", c'est un peu court ! Vous tentez ensuite une justification avec des propos indémontrables, comme toujours... vous référant in fine à "une émission de télévision" sans précision. On raye. Les statistiques ne disent rien du reste et ne peuvent rien dire. On peut tout de même observer que les roms comme les SDF sont des proies faciles pour les délinquants: leur mode d'habitat les rend vulnérables à toutes sortes de bandes qui profitent de ce qu'ils ne viendront pas porter plainte au commissariat du coin. "Les expulsions ne sont pas l'envoi dans les camps de la mort en wagons plombés", soit, mais le principe est le même: on maltraite des gens simplement parce qu'ils font parti d'un certain groupe ethnique ou culturel. Point. On leur porte préjudice seulement pour cela. Que ce préjudice soit une analyse hâtive, une baffe, un charter, des insultes ou la mort n'est alors plus qu'une question de degré, non de nature. Vous voyez la dérive? "Pourquoi les Roms quittent-ils la Roumanie et la Bulgarie?" vous demandez-vous finement ensuite. Je m'attendais à ce que vous supposiez qu'elle ne procure qu'un bien être insuffisant à ces gens un peu chochottes mais non, vous reconnaissez que les Roumains et les Bulgares les maltraitent, je n'aurai donc pas à vous apprendre que leur espérance de vie est inférieure de 13 ans dans ces pays à celle des non roms etc.. Mais vous ajoutez aussitôt : "devons-nous résoudre les problèmes que ces peuples ont créés?" "Ces peuples", je l'espère, désigne les roumains et bulgares non roms au pouvoir dans ces pays et non leurs victimes. Ma foi, je vais vous citer Monseigneur de Walhens, le philosophe qui a sauvé en 43 l'oeuvre de Husserl -elle eût été pilonnée sinon par les nazis parce qu'il était juif- recteur de l'université catholique de Louvain, qui, alors que j'étais une étudiante en philo mariée à un révolutionnaire maghrébin expulsé de France et ne pouvant retourner dans son pays... de Walhens donc, comme que je le remerciais de nous avoir accueillis -il nous avait procuré immédiatement logement, bourse d'étude et le statut de réfugié politique pour H.- m'interrompit à sa manière un peu hautaine -involontaire, il avait davantage la stature d'un bûcheron flamand que d'un évêque- : "Madame, ne nous remerciez pas. C'est vous qui nous faites l'honneur de venir chez nous et non l'inverse." J'en ai eu les larmes aux yeux et je les ai encore en l'écrivant. Alors s'il vous plaît, Jack, pensez à cela comme moi chaque fois que vous voyez des étrangers en situation dramatique chez "nous" : ils nous font l'honneur de venir se réfugier en France. Soyons en dignes, bordel. 
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Excellente l'idée de Gosselent de donner des subventions aux paysans qui accepteraient de prêter leurs terres quelque temps aux gens du voyages en général dont les roms -qui dans leur majorité n'en sont pas, sauf par nécessité- il y a en effet beaucoup de jachères -c'est obligatoire pour les subventions- et parfois il s'agit de prés en bord de rivière agréables, mieux que le camp qui ici jouxte très exactement la station d'épuration." Voilà, je peux aller dormir.

Dimanche 10 octobre
Eva a ajouté un nouveau commentaire sur le message: Bonjour chère Hélène, ton blog est une MERVEILLE. J'y ai passé une dizaine d'heures, après l'avoir découvert. Et j'ai fait, à ma façon (présentation regroupée, par exemple, des thèmes) 2 posts sur mon blog à partir de cette superbe page, si bien documentée et si bien illustrée, dont je te félicite. Naturellement, j'ai cité la source, bien visible, en espérant que certains de mes nombreux lecteurs (bientôt 700.000 visites) viendront s'émerveiller sur ton blog. Toutes mes félicitations pour ton travail, je t'embrasse très fort, jolie soeur Eva."  
Merci infiniment !!! Hélène

 8 Novembre, de Roberto Lorier:
Bonjour, un grand bravo pour votre énorme travail  que je viens de finir de lire. D’où viennent ces gens qui veulent tout, leurs grandes décisions, leurs belles phrases ? Moi, je préfère la brindille sur le bord du chemin, et les tresses impeccables des petites filles. La brutalité, l’injustice, la haine, le mensonge, l’arrogance : le monde s’en est gavé et il en veut encore. La plupart des gens ignorent tout du ciel, et croient dur comme fer à ce qu’ils font. Ma femme, mes enfants et moi, on n’est pas des gens. Extrait ci-dessus de « Paroles Perdues » d’Alexandre Romanès : Il y a mille ans de cela... Une battue immense, peut-être la plus grande jamais organisée depuis le commencement de l'humanité, marchait dans un seul but : tuer d'autres humains ! Et il y en aurait bien d'autres durant les siècles à venir contre les nomades. Il envoya la mort engendrée par la guerre qui donne l'autorisation de tuer au nom d'un idéal officialisé et où chacun se donne bonne conscience sous couvert le plus souvent de religions qui étrangement ne l'autorisent jamais. 
Extrait ci-dessus de : "Pâni et le peuple sans frontières". Roberto Lorier. Nous, peuple Tsigane, marchands de sourires et citoyens du monde. Représentant officiel de la liberté. Nous resterons libres envers et contre tous ! Je suis à votre disposition pour toutes questions ou discussions. Amicalement, Roberto Lorier / Auteur de romans historiques Tsigane. roman.historique.tsigane@gmail.com
13 novembre
Jonathan Duhamel, champion mondial de poker : votre blogue est touchant.
18 Février, anonyme
Merci à vous, pour ce remarquable travail, passionnant de surcroît....émouvant. Très intéressant....c'est un petit bijou. je le note sur mon marque pages.
15 mars, anonyme
Je veux un pays je souffre de voir le mal fait aux roms moi je suis roms (gitan andalou), je pense que le temps est arrivé, un signe la vérité l'amour Jésus 




Cordialement


 ____________________________________________ Questions techniques résolues.. de manière artisanale. Problème de dysfonctionnement de blogger. Depuis peu, impossible d'importer des photos perso, par "photoshop", mais on peut le faire directement par l'URL de la photo (sauf que ce ne sont plus des photos perso). Il faut donc créer un blog-relais avec un autre serveur (par exemple center blog) y mettre les photos (par photoshop) puis importer sur blogspot l'URL de la photo ou, si ça n'est pas possible -pour des raisons mystérieuses, ça ne l'est parfois pas-, coller directement l'adresse de la photo -pas l'URL- dans le texte HTML (un peu dangereux, en cas d'erreur, quitter et n'enregistrez pas les modif.) Attention, ne faites pas "changer l'éditeur" dans "paramètres généraux" (cocher "ancien éditeur") car là ça fonctionne en effet pour les photos mais c'est TOUTE votre mise en page qui sera modifiée, et ce pour tous vos blogs. Je l'ai fait : 4 h de boulot ensuite pour tout rectifier. 

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En travaux, deux blogs dont voici les liens
http://gustavenouvel.blogspot.com
et
http://tziganes.centerblog.net


Les aléas du succès (!) flag counter plante de temps en temps -ou est-ce le compteur google?- le 19 novembre 2010.



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